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14.08 - Russie : Des canonisations et des hésitations.

Au terme de la Conférence qui, du 13 au 20 août, réunit à Moscou 150 évêques de l'Eglise du Patriarcat orthodoxe russe, 860 canonisations reconnaîtront les mérites et la sainteté de très nombreuses victimes de l'ère bolchevique. Parmi elles, celle du tsar Nicolas II et de sa famille qui ne fait pas l'unanimité.

Il y a plusieurs années, que l'Eglise synodale ou "hors-frontière", dissidente du Patriarcat de Moscou et du Patriarcat oecuménique, a canonisé le tsar Nicolas II. Cette Eglise très traditionnaliste et monarchiste l'a fait d'une manière unilatérale et même politique. Le Patriarche Alexis II, ne souhaite pas que l'Eglise Russe procède à une telle canonisation. Mais nombreuses et fortes sont les pressions qui le contrarient. Le métropolite Juvenaly estime pour sa part que la vie du tsar, marquée par des répressions sanglantes, n'est pas à l'abri de toute critique :"Il n'y a pas, dans les activités étatiques et ecclésiastiques du dernier empereur russe de motif de canonisation. Mais, par les conditions de sa mort, on peut la permettre."

Nicolas II, sa femme Alexandra, l'héritier Alexis, et les quatre filles du tsar, Olga, Tatiana, Marie et Anastasia, ont mérité cet honneur, dit le décret orthodoxe, parce qu'ils ont "essayé avec sincérité d'incarner dans leur vie les préceptes de l'Evangile", même "dans les souffrances que la famille impériale a supporté en détention, avec patience, douceur et résignation, et, dans le martyre de la nuit du 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg (Oural), s'est manifestée la lumière de la foi au Christ qui triomphe sur le mal".

Le Patriarche s'était abstenu d'être présent lors de l'exhumation des restes de la famille impériale à Ekaterinbourg en juillet 1998. Il pense qu'il y a trop de politique en cette démarche, mais des centaines de milliers de signatures sont remontées au siège du Patriarcat au monastère Saint-Daniel, émanant des milieux monarchistes, mais aussi des milieux nationalistes qui veulent renouer avec la grande tradition slavo-russe, interrompue par 70 ans de marxisme occidental.

En ouvrant l'Assemblée extraordinaire de l'épiscopat russe, Alexis II a déclaré :"Il faut débattre de cette question difficile de façon à ce que la décision ne provoque pas un dangereux schisme dans notre communauté." Car une partie du clergé et des fidèles est opposée à une canonisation qui pourrait signifier la canonisation de la forme monarchique de gouvernement. Et l'on retrouve là les clivages qui marquèrent l'Eglise russe dans les années 1905-1920 et créèrent le schisme de l'Eglise Vivante.

Quoi qu'il en soit, le dimanche 20 août prochain, il présidera la Divine Liturgie au cours de laquelle seront proclamés saints 860 "nouveaux martyrs" et confesseurs de l'Eglise russe, et, parmi eux, le tsar et les membres de sa famille.

Pour plus d'informations : Service orthodoxe de presse.


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