24.08 - Russie : Trois documents fondamentaux
Au délà
de l'effet médiatique de la canonisation de Nicolas II et de
la consécration de l'église du Saint-Sauveur, plusieurs
documents ont été adopté par le concile de l'Eglise
orthodoxe russe qui marquent une importante évolution face à
l'attente des générations nouvelles.
Les 144 évêques ont tout d'abord adopté un document
sur la "Doctrine sociale de l'Eglise" qui condamne la peine
de mort et, par ailleurs, invite les fidèles à s'engager,
en tant que chrétien, dans la vie politique, prévoyant
même la possibilité d'une désobéissance civile
quand sont épuisées les possibilités d'agir d'une
manière légale. Ce document a été envoyé
au président Poutine. Ces prises de position "marquent une
volonté de l'Eglise de se faire entendre dans les débats
de société... et se donner les moyens d'agir en cas d'évolution
du régime politique," selon le service orthodoxe de presse.
Dans cette même lettre d'accompagnement, l'Eglise demande à
l'Etat russe, la restitution des biens mobiliers et immobiliers qui
ont été confisqués durant la période soviétique.
"
Le document sur les relations oecuméniques réaffirme que
l'Eglise orthodoxe n'est pas une Eglise chrétienne parmi d'autres,
mais qu'elle est la vraie Eglise "une, sainte, catholique et apostolique".
Elle reconnaît que les autres Eglises ne sont pas totalement privées
de la grâce divine, ce en quoi elle rejoint les positions de l'Eglise
catholique romaine vis-à-vis des Eglises non romaines.
Cette ouverture est à prendre en compte comme une avancée
positive dans les dialogues oecuméniques en cours, car la frange
la plus identitaire et la plus conservatrice des évêques,
c'est-à-dire, les plus jeunes, refuse cette reconnaissance de
l'existence de la grâce divine dans les autres Eglises.
Par contre, la rupture entre l'Eglise orthodoxe russe et le Conseil
œcuménique des Eglises (COE) semble être plus marquée.
Elle voudrait bien s'engager dans le processus œcuménique, mais, en
fait elle ne peut faire entendre son témoignage face à la large majorité
protestante. Chaque pas qui renforce la doctrine protestante correspond
à un suicide spirituel du COE, affirme le synode des évêques orthodoxes.
L'Eglise orthodoxe russe ne prendrait donc part aux travaux du Conseil
qu'avec un mandat restreint, contrainte de redéfinir ses relations avec
le COE et son statut d'appartenance. Déjà, à l'Assemblée plénière du
COE, à Canberra en 1991, la délégation orthodoxe russe avait
déjà remis en question son appartenance au COE, en raison de divergences
sur la théologie de l'Esprit-Saint, sur l'intercommunion comme sur l'ordination
des femmes.
Le Concile russe redit, dans ce document, ses reproches à l'égard
de l'envoi de missions d'évangélisation de la part d'Eglises
occidentales dans des territoires traditionnellement orthodoxes, qu'elles
soient protestantes, évangéliques ou catholiques romaines.
Le prosélytisme latin et la renaissance gréco-catholique
en Ukraine y sont nommément visés.
Le document qui traite du statut de l'Eglise orthodoxe russe, n'a pas
encore été publié officiellement. Il semble tout
aussi important que celui que l'Eglise, en 1917, avait publié
devant l'évolution de la société russe et qui,
malgré bien des aléas, avait permis à l'Eglise
de ne pas se diluer ni de se diviser, face aux attaques de la Révolution,
qui soutenait alors des Eglises progressistes ou dissidentes, comme
"l'Eglise Vivante".
Parmi les autres prises de position du Concile, la nouveauté
vient non pas seulement du domaine éthique : euthanasie, clonage
humain, homosexualité.. mais du divorce qui est admis par l'Eglise
orthodoxe pour des situations extrêmes et précises. Trois
nouvelles situations sont mentionnées : "la contamination
de l'époux par le sida, l'alcoolisme chronique et la dépendance
narcotique."
Pour plus d'informations : Service
orthodoxe de presse.
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