27.08 - Suisse : Non au 18 %.
La Conférence
des évêques suisses rejette l'initiative dite des 18 %
qui concerne une votation " pour une réglementation de l'immigration
" prévue pour le 24 septembre en vue de limiter le nombre d'étrangères
et d'étrangers en Suisse.
" Elle rend le regroupement familial difficile et blesse les besoins
fondamentaux d'une grande partie de notre population. Elle instaure
une confusion inacceptable entre l'asile et la main-d'œuvre étrangère.
C'est pourquoi la Conférence des évêques suisses rejette cette initiative.
Elle invite les citoyennes et citoyens de ce pays à respecter la dignité
et les droits de chacune et de chacun.
" Cette initiative touche aussi directement des membres de l'Eglise
catholique. La politique préconisée par l'initiative dite des 18 % n'est
pas digne de notre pays et de ses habitants. En outre, limiter de cette
manière l'immigration revient à opter pour une mesure politique qui
dessert les intérêts de l'homme et de la société en Suisse. L'initiative
fait naître une politique qui rend plus difficile l'intégration des
étrangers. La cohabitation entre les Suisses et les étrangers en serait
également hypothéquée. De nouveaux problèmes sociaux naîtraient au sein
de notre société.
" Ce projet législatif réduit les êtres humains à des chiffres
répartis en quotas. Il définit des critères qui placent certains migrants
sous le contrôle des limitations de l'immigration et d'autres pas. Une
sélection indigne de la personne humaine devrait ainsi être mise en
place. Le regroupement familial serait en particulier entravé, refusant
ainsi à des parents et à des enfants le droit de vivre en famille. Il
est à craindre qu'en adoptant cette initiative nous donnions surtout
la préférence à des migrants célibataires. Ceci contredit la conviction
éthique selon laquelle précisément les familles ont droit à un travail,
à une rémunération, à la sécurité et à des perspectives d'avenir. L'initiative
ne tient pas compte du fait que de nombreux enfants étrangers, pris
en compte pour le calcul du nombre maximum d'étrangers, sont nés, dans
la plupart des cas, de parents résidant chez nous depuis de nombreuses
années. Elle mélange en outre, et d'une manière inacceptable, la politique
de l'asile et la politique migratoire. Ceci conduit au non-respect des
buts politiques spécifiques à ces deux domaines.
" La Conférence des évêques suisses rejette l'initiative dite des
18 %, car celle-ci ne respecte pas suffisamment l'être humain dans ses
droits les plus fondamentaux. Les évêques sont conscients que l'adoption
d'une telle initiative par les citoyennes et les citoyens suisses toucherait
également directement des catholiques. Car l'Eglise catholique ne concerne
pas seulement la réalité helvétique, elle est universelle. En témoigne
tout particulièrement la participation engagée, au sein de nos communautés
et paroisses, de nombreuses étrangères et de nombreux étrangers.
" Certes l'initiative dénonce des problèmes socio-politiques non
résolus de cohabitation d'étrangers et d'autochtones. Ces problèmes
ont vu le jour dans différents domaines de la vie sociale. Cependant,
l'initiative dite des 18 % n'apporte aucune solution. Il est préférable
de mettre l'accent sur des mesures visant à promouvoir l'intégration
des étrangers et à faciliter l'accès de la citoyenneté suisse."
Fribourg, le 23 août 2000, La Conférence des évêques suisses
Simultanément la Conférence interconfessionnelle du canton
de Berne (CIC) qui réunit les trois Eglises nationales et les
communautés juives du canton recommandent, "pour des raisons
éthiques", le rejet de l'initiative "pour une réglementation de l'immigration".
"En fixant un quota arbitraire et discriminatoire, en jouant sur la
peur de l'étranger et faisant de lui un bouc émissaire, l'initiative
ne porte pas seulement préjudice aux étrangers dont certains sont établis
depuis des décennies chez nous. Elle atteint également la cohabitation
entre étrangers et Suisses, décisive pour notre société et pour l'économie."
La CIC appelle les votants à s'engager avec elle pour l'intégration
des étrangers. C'est cet effort qui est déterminant pour l'avenir du
pays et non la fixation d'un pourcentage aléatoire.
Pour plus d'informations : Conférence
des évêques suisses
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