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11.11 - Cameroun : Le cardinal Tumi sait prendre des risques.


Le cardinal Christian Tumi célébrera les obsèques des victimes abattues par des hommes du "commando opérationnel" de la gendarmerie, ce qui n'est pas sans risque dans le climat qui règne actuellement dans le pays.

La situation
à Douala est devenue insoutenable dans la ville depuis la mort de deux personnes, abattues par des hommes du "commando opérationnel" de la gendarmerie. Les victimes sont Paul Patchueke, tué le 24 octobre dernier, et Luc Bassilekim, tué quatre jours plus tard. Ce dernier aurait été assassiné de sang froid dans les locaux de la caserne Bertaud par un militaire.

La version du chef d'Etat-major du commando opérationnel est vivement contestée par le frère de la victime, témoin oculaire, et en clinique à cause des coups qu'il a reçu le même jour. Les autorités surveillent attentivement cet appel à la protestation, soutenu par les différents hommes politiques de la région tels que Mboua-Massock, Anicet Ekani et Victorin Hamani Bieuleu, comme par le cardinal Christian Tumi.

Une polémique oppose l'Eglise catholique et le gouvernement camerounais sur le comportement du commandement opérationnel des unités spéciales. L'archevêque a dénoncé la "terreur aveugle" de cette unité, alors que le gouvernement s'est félicité de ses bonnes actions, commises "dans la légalité". L'Eglise et la presse indépendante du Cameroun ont qualifié de "bavure" ces morts. Dans une lettre pastorale, Mgr Toumi a dénoncé les méthodes du commandement opérationnel, responsable, selon lui, de la mort de plus 50 personnes depuis sa création. "Pourquoi tirer sur des gens innoncents?" s'est-il interrogé, estimant que "même si ce sont des voleurs, il faut les juger devant les tribunaux". Selon le prélat, les autorités qui ont créé cette unité, ne font rien pour mener une enquête dans le but connaître son attitude de travail à Douala. "On continue de tuer les gens à tort et à travers", a déploré Mgr Toumi.

Le ministre camerounais de la communication et porte-parole du gouvernement, Jacques Famé Ndongo, a rejeté cette accusation, tout en soulignant les résultats enregistrés dans la lutte contre la criminalité par ces unités spéciales. "Grâce au commandement opérationnel, nous avons maintenant la tranquillité à Douala où il y a de moins en moins de braquages, de viols et d'assassinats", a fait remarquer le porte-parole du gouvernement . Cependant, a-t-il reconnu, il y a "de temps en temps des morts", mais que ce sont des "accidents qui arrivent et que l'erreur est humaine".

Ces propos n'ont pas convaincu le cardinal Toumi. Dans sa lettre pastorale, il se dit inquiété par la "logique de terreur" affirmant que "ce qui se passe est horrible". Selon lui, c'est une "guerre ouverte contre la population de Douala" et si cette population avait les moyens de se défendre, on serait déjà en guerre, a-t-il déclaré à R.F.I. Radio France internationale. Il estime que l'opération des unités spéciales se fait sur "fond de corruption et de tricherie électorale". L'opposition camerounaise et les militants des droits de l'homme du pays partagent ce point de vue, a-t-on appris de bonne source. (apic/ibc/bb)

Informations fournies par l'Agence Misna

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