14.11 - Niger : L'Islam et les défilés de mode.
Le Festival international de la
mode africaine a été qualifié de "satanique" et de "débauche"
par les intégristes musulmans qui ont provoqué deux jours d'émeute
pour obtenir sa suppression.
Ils voulaient interdire ce défilé de mode "entre désert et fleuve",
sur les bords du fleuve Niger, près de la capitale Niamey, surtout en
raison de la présence de certains mannequins de type occidental exhibant,
selon eux, trop de nudité. "Ce show est contraire à l'islam, parce que
des femmes nues portant des vêtements indécents paradent devant un parterre
d'invités", affirmait un religieux musulman.
Les troubles, commencés près de la Grande Mosquée de Niamey, ont duré
deux jours et se sont répandus jusqu'à Maradi, près de la frontière
du Nigeria. Les affrontements ont fait plusieurs blessés et provoqué
des dégâts matériels importants. Le mercredi 8 novembre, plus de 800
religieux et étudiants islamiques ont violemment manifesté à l'extérieur
de la Grande Mosquée de Niamey, en face des bâtiments du Parlement,
pour exiger l'annulation du FIMA, mis sur pied à l'initiative d'Alphadi,
le célèbre styliste nigérien basé à Paris. Le jeudi 9, deux églises
ont été saccagées et des sièges d'associations chrétiennes mis à sac
jeudi à Maradi, une place forte islamiste à quelque 600 kilomètres de
Niamey, par une foule d'émeutiers musulmans.
Malgré les pressions islamistes, près de 2.000 personnes ont pu assister
au défilé de mode haut en couleurs, dans un déploiement impressionnant
des forces de sécurité et de la police. Ces derniers jours, la police
nigérienne a renforcé les dispositifs de sécurité aux abords des mosquées
et utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants
qui s'en sont pris à des bars vendant de l'alcool, à des étals de loterie
et des bordels.
Des musulmans modérés ont déclaré pour leur part que le festival de
mode, qui comprend également la présentation de vêtements traditionnels
africains, devait être autorisé, ajoutant que l'islam prône la tolérance
et que cet événement est une vitrine du riche héritage culturel du Niger.
Le ministre nigérien de l'Intérieur, Mahamane Manzo, a signé un décret
d'interdiction de sept organisations fondamentalistes pour trouble de
l'ordre public. Il rappelé à cette occasion que le "Niger est une démocratie"
dans laquelle de toutes façons "le vice et l'adultère" existent aussi
sans le festival.
Pour plus d'informations : Agence Misna
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