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27.12 - Indonésie : Le Noël sanglant de Djakarta.

Certains musulmans fondamentalistes indonésiens avaient averti que "les cloches de Noël ne sonneront pas pour les chrétiens." Ils ont tenu parole. Les attentats dans Jakarta et dans huit villes du pays ont causé la mort d'au moins 14 personnes et blessé une cinquantaine d'autres.

Cette série d'attentats sans précédent contre des églises en Indonésie, pendant la messe de minuit, laisse penser qu'il s'agit bien d'une campagne particulièrement bien organisée visant à semer la terreur, puisqu'ils ont eu lieu à quelques minutes les uns des autres.

Cinq attentats ont été perpétrés dans des églises catholiques ou des temples protestants de la capitale, Jakarta, selon la police. Par ailleurs, les forces de sécurité ont désamorcé 15 bombes de trois kilos et demi à quatre kilos d'explosifs, programmées pour exploser à 23.30, heure locale. Le chef de la police, le général Suroyo Bimantoro, a fait savoir que 18 autres bombes avaient explosé dans huit villes du pays.

Ces événements rappellent aux chrétiens qu'ils sont minoritaires puisque'ils ne représentent que 9 % de la population, 6 % pour les protestants et 3% pour les catholiques. Les responsables chrétiens comme musulmans ont multiplié les appeles au calme et à ne pas céder aux "provocations", alors que les musulmans s'apprêtent à célébrer la fin du Ramadan.

Le cardinal Julius Darmoatmodjo, archevêque de Jakarta, a lancé un appel à la communauté catholique, lui demandant de ne pas lancer d'accusations sans fondement et de pardonner. "Même si nous savons qui se cache derrière ces bombes, je demande instamment à tous les chrétiens de pardonner", a-t-il déclaré. Le cardinal a rappelé qu'il y avait également des victimes musulmanes : des personnes qui passaient près des lieux où ont explosé les bombes.

Selon le président indonésien, Addurraman Wahid, les attentats visent à affaiblir le gouvernement indonésien et à semer la terreur. Le président est en effet soumis à de fortes pressions exigeant sa démission en raison de l'aggravation de la situation politique et économique dans le pays.

L'agence vaticane Fides parlait récemment des attaques des musulmans dans les Moluques contre les communautés chrétiennes qu'ils forcent à se convertir à l'islam. "Les personnes visées par la vague de conversions forcées sont les chrétiens, protestants et catholiques vivant dans les îles de Keswui et Teor, dans les Moluques centrales, au sud-est de l'île de Ceram." Le gouverneur d'Ambon lui-même, Saleh Latuconsina, a déclaré qu'il est "indéniable qu'une islamisation forcée a lieu à Keswui et Teor".

Il a promis d'évacuer tous les chrétiens menacés et d'adopter des mesures légales contre les fondamentalistes islamiques qui ont recours à la violence. L'évêque d'Ambon a appelé, samedi 23 décembre, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan à envoyer des troupes pour protéger les chrétiens des Moluques, mais Jakarta refuse toujours toute intervention internationale dans le conflit.

Dans un contexte national déjà fragilisé, ces attentats de Noël n'annoncent en rien un retour au calme et risquent encore plus d'attiser la spirale de la violence entre les communautés musulmanes et chrétiennes.

Pour plus d'informations: Agence UCAN

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