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06.02 - Soudan : Les aides humanitaires aident la guerre.

A l'issue d'un colloque consacré à l'avenir des populations du Sud-Soudan, le P. Antonini, de "Comboni Press", a lancé un appel à la communauté internationale et aux Eglises afin qu'elles dénoncent une situation, désormais insupportable: "Les aides humanitaires sont destinées à la survie des gens mais non à résoudre le conflit. Or les belligérants en profitent."

"Ce n'est pas possible que la guerre civile au Soudan puisse durer 18 ans sans que l'on entrevoie sa fin, après 2 millions de morts, 4 millions de réfugiés à l'intérieur du pays et 600.000 réfugiés à l'étranger, un million et demi de dollars dépensés quotidiennement par les belligérants et une somme égale dépensée par les organisations internationales de secours pour maintenir en vie la population tourmentée de la zone du conflit."

"Ce qui manque le plus, observe le religieux, c'est l'intérêt des gens du Pays. Dans le Sud du Soudan, les guérilleros semblent avoir perdu de vue leur objectif; ils sont en désaccord entre eux sur les modalités de sa réalisation, et ils continuent à se diviser en factions et en groupes qui balancent entre une alliance et une autre; leurs chefs se comportent en véritables 'seigneurs de la guerre".

"Les belligérants en profitent: ils se dispensent du devoir de nourrir les gens de la région, ils se ravitaillent en vivres et réclament un pourcentage sur ces aides. Cela leur permet de continuer à rester sur le pied de guerre sans devoir prendre le seul chemin qui mène à la paix: celui des négociations diplomatiques".

"Depuis quelques années, avec quelques Églises protestantes, l'Eglise catholique a mis en route un processus qui encourage les gens à redécouvrir et à mettre à exécution les méthodes traditionnelles non-violentes pour la solution des conflits et des tensions ethniques, à s'engager dans le développement en renonçant aux aides extérieures et en s'inspirant de la Doctrine Sociale de l'Église. Depuis le début des années 90, au séminaire majeur national de Khartoum, on donne des cours d'initiation à la solution pacifique des conflits, à la résistance passive non-violente, à la défense des Droits de l'Homme et à l'organisation de comités de "justice et paix".

De cette façon, les Soudanais eux-mêmes redeviennent des protagonistes dans l'histoire, en créant les conditions nécessaires pour arriver à la table des négociations et ouvrir un dialogue de paix courageux et décisif".

Or actuellement " personne ne lutte plus pour la liberté des Soudanais, et pour la défense des droits de l'homme, poursuit le missionnaire. La guerre est devenue une lutte pour le pouvoir et pour la richesse. La religion elle-même est détournée de ses fins et est utilisée pour obtenir d'autres intérêts… Le terme de 'libération' a perdu son sens propre. A quel progrès assistons-nous ? Les oppresseurs et les opprimés cherchent à se mettre à l'abri. Les populations du Nord luttent contre celles du Sud, celle du Nord contre celles du Nord, celles du Sud contre celles du Sud, les tribus de Nuer et celles des Dinka combattent contre les Arabes. Les Nuer et les Arabes combattent les Dinka, les Dinka contre les Dinka, les Nuer contre les Nuer, les Didinga contre le Dinka ".

Cet appel fait remarquer que "les organisations non gouvernementales ainsi que les Eglises prolongent la lutte sans s'en rendre compte, avec les aides humanitaires qui soutiennent également les partis en lutte. La population doit supporter les abus répétés des soldats. Les militaires eux-mêmes sont découragés et ils ne sont plus payés ; ils y remédient en pillant et en emportant du butin. De très nombreuses familles cultivent le strict nécessaire, étant donné qu'elles sont obligées de payer un contribution aux forces armées ".

Pour plus d'information : Agence Fides

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