Infocatho



08.02 - Israël : Premièrs réactions des Eglises.

Dans les milieux chrétiens, on a déjà exprimé le souhait que M. Sharon soit fidèle à ses promesses, et qu'il annule la décision du gouvernement de M. Barak de laisser construire la mosquée aux portes de la Basilique de l'Annonciation à Nazareth.

Dans une formule lapidaire c'est ce que demande la Custodie de Terre Sainte Jérusalem. " Le vote des Israéliens n'a pas été contre la politique de paix de M. Barak ", mais contre " les insuffisances de gouvernement " de sa part. Si M. Sharon ne poursuit pas le processus de paix, il perdra tout le consensus populaire. C'est une des considérations faites à Fides par le P. David Jaeger, franciscain israélien, membre de la Custodie de Terre Sainte, et l'un des artisans des accords entre Israël et le Saint-Siège.

Le P. Jaeger tient à mentionner le fait que, lorsqu'il était Ministre des Affaires Etrangères dans le gouvernement de M. Netanyahu, M. Sharon avait promis au Vatican de bloquer la construction de la mosquée à Nazareth.

Pour le P. Claudio Baratto, directeur du " Christian Centre de Jérusalem : " M. Ariel Sharon est un type tout à fait particulier : il est très déterminé, et il voudra garantir la sécurité à tout prix. Israël a une grande peur, et la sécurité est devenue le premier intérêt. Pour cela, M. Sharon renforcera les blocus, les contrôles, freinera les contacts. Pour nous, frères et religieux, il n’y a pas pour ainsi dire de problèmes ; mais, pour les chrétiens, et surtout les chrétiens palestiniens, c'est-à-dire la majorité des chrétiens ici, il y aura un manque de liberté, surtout pour ceux qui vont travailler des Territoires en Israël ".

Pour l’avenir, le P. Baratto est optimiste, du moins sur la liberté de religion : " Quiconque soit au pouvoir en Israël, respectera la loi, et donc la liberté de religion. Toutes les communautés, chrétiennes, juives, et musulmanes, continueront à vivre selon leurs coutumes. Jusqu’à présent, le pouvoir civil ne nous a pas dérangés ".

M. Audi Al-Soweys, éditorialiste catholique jordanien, commente ainsi cette élection : " M. Sharon doit gouverner avec une mentalité différente de celle qu’il nourrissait à l’époque des massacres de Sabra et Chatila, où à l’époque où il était général. La région ne peut plus retourner en arrière, à l’époque des conflits et des guerres. Nous avons besoin d’une mentalité capable de comprendre les droits des Palestiniens et les exigences d’une paix juste et globale."

..." L’arrivée de M. Sharon à la tête du gouvernement ne doit pas signifier, pour Israël et pour les Palestiniens, une renonciation à l’option de la paix, et un retour à la voie des conflits, ce qui ne conduit à aucun résultat. Au Moyen-Orient, il faut une mentalité de paix, et des protagonistes disposés à reconnaître les droits réciproques. Je souhaite que le gouvernement du Likoud prenne en considération cette option stratégique, aussi importante pour Israël que pour les Arabes."

Pour M. Imad Shueiby, professeur de sciences politiques à l’Université de Damas et proche du Président Bashar Assad : " L’élection de M. Sharon offre deux situations possibles. La première va vers un raidissement plus grand d’Israël, et voire même vers une aventure militaire qui ne pourra bénéficier d’aucune couverture internationale, pas même du côté américain. Il s’agirait d’une stupidité en ce sens qu’elle signifierait passer du concept de guerre, en tant qu’oeuvre des hommes politiques, à celui de lutte, oeuvre des généraux. Israël finira par payer un prix élevé, et les électeurs qui ont voté pour M. Sharon pourront lui retirer leur confiance dans le cadre d’une année."

..." La seconde possibilité consiste en une tentative de M. Sharon de suivre les pas de Menahem Begin pour " donner du brillant " à son passé sanglant. N’oublions pas, en effet, que ce fut lui précisément qui réussit à convaincre les colons du Sinaï à abandonner leurs implantations. M. Sharon préférera peut-être terminer sa vie (il a 72 ans) comme héros de la paix, de la même manière qu’il fut héros de la guerre. C’est une probabilité qui représente 10%, mais elle existe et il ne faut donc pas considérer ses positions actuelles comme des positions définitives."

Pour l'ensemble de ces déclarations : Agence Fides

Retour