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27.02 - Ukraine : Mais peut-on raisonner Alexis II ?.

Le nouveau cardinal Lubomyr Husar, archevêque majeur de Lviv des Ukrainiens gréco- catholiques espère pouvoir "raisonner" le patriarcat orthodoxe de Moscou, Alexis II, pour lui faire accepter la perspective du voyage de Jean Paul II en Ukraine du 23 au 27 juin prochain.

De son point de vue, la situation "n'est pas bloquée". "Si le patriarcat de Moscou ne devient pas enthousiaste quant à cette visite, il peut au moins devenir plus ouvert dans les mois à venir et cesser de tenir des propos agressifs".

Les démarches actuelles de Bartholomée Ier, patriarche oecuménique de Constantinople, peuvent en effet changer le panorama de l'Eglise orthodoxe. Le 19 février, la rencontre de Berlin entre les représentants de Moscou et du Phanar a clarifié, semble-t-il, les positions respectives du Patriarcat oecuménique et celles du patriarcat de Moscou. Ce dernier, même s'il représente une majorité dans l'Eglise orthodoxe, est en position défavorable à la suite de son absence lors de la rencontre de Nicée où se retrouvaient tous les autres patriarcats, sans autre exception que la sienne.

Cette "mauvais humeur" affichée indispose par son intransigeance. Le Patriarche oecuménique s'efforce de rétablir l'harmonie et a proposé un statut de l'Eglise en Estonie qui devrait avoir l'agrément de Moscou tout en respectant la volonté des orthodoxes estoniens de ne pas se sentir dans le giron de l'ancienne Russie occupante. Et là il rejoint nombre de fidèles ukrainiens.

Le Patriarche Bartholomée Ier envisage en effet de reconnaître canoniquement les Eglises orthodoxes ukrainiennes indépendantes de Moscou qui seraient alors placées sous sa juridiction. Ces Eglises sont, d'une part celle de Philarète Denisenko, autoproclamé "patriarche de Kiev", qui a voulu détacher l'Eglise orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Moscou lorsque l'Ukraine a obtenu son indépendance en août 1991, et d'autre part "l'Eglise autocéphale ukrainienne" composée d'Ukrainiens rentrés d'exil au moment de l'indépendance de l'Ukraine.

Le métropolite Wladimir (Sobodan), exarque du patriarcat de Moscou pour l'Ukraine, souhaite lui-même, une plus grande autocéphalie, ce qui priverait Alexis II de près de la moitié des paroisses qui lui sont directement rattachées. Malgré la pression d'une partie de son clergé, le métropolite Wladimir n'est pas opposé à la visite du Pape de Rome, si elle ne devient pas la reconnaissance des autres Eglises orthodoxes en Ukraine. Or cette reconnaissance viendrait du Patriarcat oecuménique lui-même !

Pour le cardinal Husar, cette reconnaissance canonique, serait un "choc" pour le patriarcat de Moscou, comparable à celui du au printemps 1996 lorsqu'une partie des paroisses orthodoxes d¹Estonie étaient "passées" de la juridiction du patriarcat de Moscou à celle du patriarcat de Constantinople. Le patriarcat orthodoxe de Moscou exerce de fortes pressions sur Bartholomée Ier afin qu'il annule son voyage en Ukraine, prévu avant le mois de juin.

Pour l'archevêque majeur de Lviv des Ukrainiens gréco- catholiques, "cette reconnaissance changerait les conditions de la visite du pape". En effet, le Saint-Siège devrait, pour le bon déroulement de ce voyage, traiter et parlementer avec ces Eglises alors canoniquement reconnues, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. "En Ukraine, a-t-il précisé, nous devons déjà traiter localement avec ces Eglises, parce que nous ne pouvons ni les ignorer, ni susciter des divisions supplémentaires vis à vis du peuple qui ne perçoit pas forcément toutes ces distinctions".

Le gouvernement ukrainien semble prêt à collaborer pour la préparation de cette visite. Lors des cérémonies du consistoire, un représentant de la présidence de la République ukrainienne est venu à Rome et a exprimé à la Secrétairerie d'Etat du Saint-Siège sa "volonté claire et précise" de faire venir le pape en Ukraine. Pour l'Etat ukrainien, a poursuivi le cardinal, cette visite est "un acte politique important". "Il espère en effet, ajoute le cardinal Husar, que le pape tiendra un discours en faveur de l'entrée de l'Ukraine en Europe, comme cela a été le cas pour la Roumanie lors de son voyage en mai 1999".

Pour plus d'informations : Eglise gréco-catholique d'Ukraine

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