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10.03 - Vietnam : Est-ce l'indice d'une détente ?

La nouvelle de l'élévation de Mgr Van Thuân à la dignité de cardinal, pourrait signifier qu'un revirement du gouvernement n'était pas impossible, selon des remarques faites par des observateurs catholiques de Hanoï à l'agence vaticane Fides.

Le cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân "pourra retourner dans son pays natal et sera traité comme un Vietnamien à l'étranger." C'est ce qu'a déclaré le ministre des Affaires étrangères du Viêt-Nam, en réponse à une question posée par un journaliste. Il serait désormais soumis "aux seules procédures de routine en vigueur au Bureau de l'immigration et serait traité comme l'un des nombreux Vietnamiens résidant à l'étranger "

Le cardinal, considéré comme "persona non grata" depuis 1991, qui avait été pratiquement expulsé du pays. Après 13 ans de prison, dont 8 d'isolement, Mgr Van Thuân avait dû quitter le Vietnam en 1991, escorté par la police jusqu'à son avion, avec un billet aller-simple. Officiellement, il devait se rendre en visite auprès de parents en Australie. En fait, il était "invité" à ne pas retourner dans le pays.

Il était alors évêque coadjuteur de Saïgon. Le gouvernement le craignait parce qu'il était lié à la famille du président Ngo Dinh Diêm et qu'il bénéficiait d'une très grande popularité. Il avait en effet aidé les réfugiés qui s'étaient enfuis du nord vers le sud pendant les années 1960.

A Rome, Mgr Van Thuân a rapidement été nommé vice-président du Conseil pontifical Justice et Paix, qu'il préside actuellement. Il a beaucoup voyagé, au service de la nombreuse dispora vietnamienne dans le monde, en particulier en France et aux Etats-Unis. Mais jusqu'à présent, il n'avait jamais pu rentrer dans son pays. La déclaration du ministre des Affaires étrangères semble donc manifester une détente entre Hanoï et le Vatican.

Depuis une dizaine d'années, une délégation du Saint-Siège se rend au Viêt-Nam, en vue de l'établissement de relations diplomatiques, et pour étudier avec le gouvernement la question de la nomination de nouveaux évêques. Le gouvernement se réserve en effet un droit de regard sur les nominations pontificales dans le pays. Jusqu'à présent, le gouvernement vietnamien contrôle les cérémonies religieuses, les publications, les vocations, l'enseignement, les ordinations. Orles évêques et les fidèles du Viêt-Nam ont participé à des cérémonies d'action de grâce pour la nomination de Mgr Van Thuân sans que la police n'y mette d'obstacle, en particulier le jeudi 22 février dans les églises de Hô Chi Minh-ville, de Nha Trang, de Hué, de Bui Chu, et au sanctuaire marial de Notre-Dame de La Vang, en union avec la messe célébrée par Jean-Paul II à Saint-Pierre de Rome.

Pour savoir si, effectiuvement, un changement est intervenu, deux faits sont à observer : la prochaine visite annuelle de la délégation du Vatican, en mai prochain, et la conclusion du Congrès du Parti communiste en mars.

Pour plus d'informations : Agence Fides

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