07.04 - Rwanda : Il y a sept ans ... comment
oublier ?.
Le 6 avril 1994, il y a sept ans, l'avion présidentiel rwandais était
abattu. A partir de ce moment, des fleuves de sang se déversèrent dans
le "Pays des mille collines". En quelques mois, 300.000 à 500.000 personnes
appartenant à la minorité tutsie, des Hutus, et plus généralement tous
ceux qui s'étaient opposés à la dictature du président Juvenal Habyarimana,
périrent.
Le pays et l'Eglise, inutile de le nier, peinent encore à se sentir
"Rwandais et chrétien" avant de se sentir "Hutus et Tutsis"; et le ressentiment
est encore très fort chez certains. Pourtant, le Rwanda a vraiment besoin
de tourner la page. Il y a deux ans, le président de la République Bizimungu
avait profité de l'occasion des commémorations traditionnelles, en souvenir
des victimes, pour faire le procès de l'Eglise, en la personne de Mgr
Augustin Misago, évêque de Gikongoro.
En 2000, l'acquittement du prélat, retenu non coupable, a peut-être
inauguré un nouveau type de rapports entre l'Eglise et l'Etat. Les célébrations
conclusives du Centenaire de l'évangélisation, tenues en février dernier
à Kigali et présidées par l'émissaire spécial du Pape, le Cardinal Roger
Etchegaray, ont été une opportunité pour adresser un message de fraternité
à la nation toute entière. "Personne ne peut rester prisonnier de son
passé, a dit le cardinal. Les mémoires guérissent, tout comme les corps".
Il est donc nécessaire, d'une part, d'intensifier les efforts aux niveaux
international et local pour réconcilier les coeurs; d'autre part, l'Eglise
catholique doit donner le bon exemple. Certains de ses membres sont
toutefois encore divisés et cela ne sert pas la cause de l'Evangile.
Le chemin de la Paix (Amahoro en langue locale) est encore long mais
il faut espérer en un avenir différent, où la justice, la vraie, pourra
triompher et non pas celle des vainqueurs mais la justice de la société
civile pour défendre le droit à la vie de chaque Rwandais.
Or, actuellement, 120.000 détenus sont toujours
en attente de jugement dans les prisons nationales et tous, coupables
ou innocents, vivent dans des conditions inhumaines.(CC)
Pour plus d'informations : Agence Misna
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