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22.04 - Ukraine : L'avenir des Eglises orthodoxes.

L'existence de plusieurs Eglises orthodoxes en Ukraine n'est pas sans poser des problèmes au patriarcat de Moscou comme au Patriarcat oecuménique. Des rencontres tentent de les résoudre actuellement.

Deux archevêques du Patriarcat oecuménique, représentant le patriarche Bartholomée Ier d'une part et d'autre part le métropolite Kirill de Smolensk, responsable des relations extérieures au patriarcat de Moscou se sont retrouvés à Zurich les 21 et 22 avril. Ils y ont étudié l'avenir des communautés orthodoxes ukrainiennes. Au siège du patriarcat œcuménique à Istanbul, on affirme que le patriarche Bartholomée de Constantinople souhaite la création d'une Eglise ukrainienne autonome, placée sous sa juridiction.

Moscou craint qu'il y ait alors comme dans beaucoup d'autres pays, aussi bien la Finlande que l'Estonie, la France et les Etats-Unis, deux juridictions orthodoxes. L'une canoniquement rattachée au patriarcat de Moscou, l'autre rattachée au Patriarcat oecuménique.

Cette rencontre semble provoquée par la prochaine visite de Jean Paul II en Ukraine. De part et d'autre l'on craint que le voyage du pape Jean Paul II, prévu en juin, n'aggrave les déchirements entre communautés orthodoxes. Si elle a lieu, la rencontre entre Jean Paul II et le métropolite Philarète de Kiev est considérée comme porteuse de troubles par les deux patriarcats.

La question de l'autonomie des Eglises orthodoxes ukrainiennes a provoqué par le passé de nombreuses dissensions entre le patriarche Alexis II de Moscou et le patriarche Bartholomée de Constantinople. Cependant, un signe de rapprochement avait été donné le mardi 18 avril dernier par le responsable du patriarcat de Moscou pour les relations avec les autres Eglises orthodoxes, le P. Nikolai Balashov. Ce dernier avait affirmé dans les colonnes du quotidien italien L'Avvenire" que l'Eglise orthodoxe de Moscou était prête à accorder l'autonomie aux orthodoxes d'Ukraine qui lui sont fidèles, comme c'est le cas pour l'Eglise orthodoxe du Japon.

L'évolution de la situation conduit le patriarcat de Moscou à une certaine modération. Il y a dix ans, l'Ukraine comptait plus de 15.000 paroisses orthodoxes. A la même date en Russie on en comptait 6.000. Depuis l'indépendance de l'Ukraine, 8.000 paroisses ukrainiennes environ sont sorties de la juridiction de Moscou. Sur ces dernières, plus de 2.000 se sont placées sous la juridiction du métropolite Philarète de Kiev.

"L'Eglise orthodoxe ukrainienne" restée fidèle au Patriarcat de Moscou est la seule reconnue canoniquement par la communauté orthodoxe au niveau international. Le métropolite Philarète, excommunié et réduit à l'état laïc par le Saint Synode du patriarcat de Moscou. a pris la tête de sa propre Eglise et joué la carte nationaliste après avoir été longtemps fidèle à Moscou. Il s'est autoproclamé patriarche de "l'Eglise orthodoxe d'Ukraine".

En plus et à côté de ces deux Eglises orthodoxes d'Ukraine, existe "lEglise orthodoxe autocéphale d'Ukraine" qui regroupe de son côté plusieurs centaines de paroisses. S'inspirant de cette "orthodoxie des catacombes" qui n'avait jamais accepté le régime soviétique, elle s'appuie principalement sur les paroisses des Etats-Unis et du Canada, reconnaissant la juridiction du métropolite Constantin, chef de l'Eglise orthodoxe d'Ukraine aux Etats-Unis.


Quoi qu'il en soit de ces pourparlers, la situation n'en sera pas clarifiée pour autant car les arguments de part et d'autre engagent non seulement l'Eglise orthodoxe en Ukraine, mais aussi l'Eglise orthodoxe dans bien d'autres pays sur les cinq continents. Complexe est l'imbrication dans l'Eglise orthodoxe des
diverses juridictions qui se sont créées en raison des situations politiques et de l'assimilation des communautés orthodoxes aux cultures des pays où elles résident. Les statuts d'autonomie, d'autocéphalie ou autres, remettent en cause les décisions d'un patriarcat oecuménique, comme on le voit actuellement pour l'Eglise orthodoxe d'Amérique, issue du patriarcat de Moscou.

Pour plus d'informations : Service orthodoxe de presse

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