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30.04 - Grèce : Ces vieux préjugés qui disparaîtront.

" L'atmosphère est hostile, mais le voyage du Pape laissera une trace profonde. Il servira à démystifier le climat anti-papal enraciné en Grèce depuis des siècles ".

C'est ce que déclare à Fides le P. Yannis Spiteris, théologien catholique, Grec, et professeur de théologie orthodoxe : " Aujourd'hui, il y a beaucoup de bruit. Mais les gens s'apercevront que le Pape est une personne humble, qui arrive avec une mission d'amour. Les fidèles orthodoxes grecs verront un prêtre souffrant, ils apprécieront un Pasteur, qui voyage en pèlerin, et non pas en conquérant. Alors, les polémiques s'apaiseront et toute la haine se dissipera ".

Dans sa Lettre "Le Pèlerinage lié aux Lieux du Salut (en 1999), le pape Jean Paul IIavait exprimé son désir de visiter l'Aréopage, où saint Paul a prêché. L'Eglise catholique avait adressé une demande non officielle, mais l'Eglise orthodoxe grecque avait refusé de donner son accord sous différents prétextes : d'après le Saint Synode, le Pape devait demander pardon pour les offenses faites tout au long des siècles, pour la quatrième Croisade de 1204, retirer des vérités de foi, en somme se convertir à l'Orthodoxie. Ou alors venir comme Chef d'Etat.

Tout semblait partir en fumée. Mais le Président grec, M. Stephanopoulos, venu cette année en visite en Italie et au Vatican, a invité le Pape. L'Eglise orthodoxe s'est trouvée face à une alternative : refuser ou accepter. Le Saint Synode permanent, organe représentatif composé de plusieurs évêques, pour éviter de se heurter avec le gouvernement (il y a déjà un contentieux à propos de l'indication de la religion sur la carte d'identité), a donné son accord, à contrecoeur, au voyage du Pape.

Mais il a publié aussitôt un document qui rappelle la présence du Pape comme Chef d'Etat, et son pèlerinage personnel. Le document maintient toutes les bonnes raisons pour ne pas accepter le voyage, et donne un " oui " avec de nombreuses réserves.

L'orthodoxie de langue grecque a toujours eu un refus de l'Occident, depuis les temps de l'Empire byzantin. Avant la chute de Constantinople en 1453, on disait : " Il vaut mieux avoir le turban turc que la tiare du Pape ". Actuellement, les livres scolaires sont remplis de ressentiment, et répètent les vieux préjugés et donnent des récits historiques déformés. Les enfants sont endoctrinés et formés contre l'Eglise catholique, en créant ainsi une haine profonde dès l'enfance, avec des faits qui n'ont rien à voir avec la réalité d'aujourd'hui."

..."Pendant les guerres des Balkans, l'Eglise orthodoxe a toujours soutenu les positions de la Serbie. M. Milosevic était chez lui en Grèce, et il y a des propriétés et de l'argent. On a même accusé le Pape de fournir des armes aux musulmans " contre nos frères serbes ". La Grèce souffre de la manie de la persécution contre l'Occident."

..."On pourrait surmonter les difficultés historiques et théologiques si l'Eglise orthodoxe grecque n'était pas divisée et corrompue par des fondamentalismes. Les mouvements radicaux n'admettent aucune possibilité de rapprochement des Eglises. Ils refusent l'oecuménisme, tout document signé par les deux Eglises sur le dialogue, sur le concept " d'Eglises soeurs ", en considérant le Pape comme " la racine de tous les maux ". Plusieurs métropolites ont une mentalité étroite et pensent que plus ils sont anti-catholiques, et plus ils sont fidèles à l'Orthodoxie."

... "Les gens apprécieront le style pastoral du Pape, sa rencontre avec le peuple, le contact avec la foule, l'enthousiasme des fidèles. L'Eglise orthodoxe redoute la confrontation avec le Pape, en voyant les capacités qu'il a d'attirer des foules immenses de fidèles. En Grèce, des centaines de milliers de catholiques, et aussi de nombreux orthodoxes, l'accueilleront. Les gens communs n'ont pas de grand ressentiment."

... "Les catholiques grecs, nés en Grèce, sont au nombre de 45.000 ; mais, avec la présence de Polonais, de Philippins, d'Italiens, on arrive à plus de 200.000 fidèles. Nous sommes considérés comme des citoyens de deuxième zone : nous n'avons pas les mêmes droits que les orthodoxes, et nous sommes l'objet de discriminations, malgré ce que déclare la Constitution. De nombreux catholiques ont peur de donner à leurs enfants le baptême catholique, par crainte des difficultés qu'ils auront à rencontrer dans la vie. Il existe encore des " crypto-catholiques ", un phénomène absurde dans un pays démocratique, membre de l'Union Européenne. La visite du Pape " est pour nous un grand encouragement et un grand réconfort."

Pour plus d'informations : Agence Fides

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