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28.05 - Pour une réelle collégiallité.

Cette question a été discutée tout autant dans les interventions directes que dans les conversations informelles qui marquent toujours ce genre de rencontre internationale.
L'Eglise romaine peut-elle affronter le troisième millénaire et se rapprocher des Eglises orthodoxes si cette collégialité ne devient pas une réalité.

Il ne s'agit pas seulement d'améliorer les relations des évêques entre eux, des évêques avec les services romains du Vatican et des évêques avec le pape. Elle doit partir des données théologiques qui expriment le fondement même de l'Eglise du Christ. Le collège apostolique ne peut dépendre de services centralisés, même s'ils sont le prolongement concret de l'action pontificale. Les Eglises locales sont fondées sur les évêques, successeurs des apôtres, qui sont en communion entre eux et donc plus particulièrement avec le successeur de l'apôtre Pierre.

Jean-Paul II avait mis cette question à l´ordre du jour des discussions du consistoire. Dans sa lettre apostolique Novo millennio ineunte (n. 44), il s'en explique: "Le nouveau siècle devra nous voir engagés plus que jamais à valoriser et à développer les domaines et les moyens qui, selon les grandes orientations du Concile Vatican II, servent à assurer et à garantir la communion."

" Comment ne pas penser, avant tout, ajoutait-il, à ces services spécifiques de la communion que sont le ministère pétrinien et, en étroite relation avec lui, la collégialité épiscopale? Il s´agit de réalités qui ont leur fondement et leur consistance dans le dessein même du Christ sur l´Église, mais qui, en raison de cela, ont continuellement besoin d´une vérification qui en assure l´authentique inspiration évangélique".

Mais il y reconnaissait également qu´il "reste certainement beaucoup à faire pour exprimer au mieux les potentialités de ces instruments de la communion, particulièrement nécessaires aujourd´hui où il est indispensable de répondre avec rapidité et efficacité aux problèmes que l´Église doit affronter au milieu des changements si rapides de notre temps".

L´une des expressions de cette collégialité est le synode des évêques. Le cardinal Cormac Murphy-O´Connor, archevêque de Westminster, a demandé "un examen sérieux de la méthode de travail des Synodes". patriarche syrien Ignace Moussa I Daoud, préfet de la Congrégation pour les Eglises Orientales, a demandé "que l´on prenne davantage en considération la fonction des synodes orientaux dans la nomination des évêques".

Le cardinal Achille Silvestrini, ancien préfet de la Congrégation pour les Eglises Orientales, n'a pas hésité à faire remarquer que parfois, les synodes sont "des monologues sans débat ni réponse". Le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, a proposé une consultation plus fréquente des évêques qui sont "sur le terrain".

Mais avec d'autres méthodes de travail et de communion ecclésiale : "Tel qu´il est organisé, le synode ne favorise pas le développement d´une authentique culture du débat au sein du ´collège´ des évêques réuni autour du pape."... "Dans la salle du Synode, il n´y a pas de véritable discussion. On assiste d´abord à une longue série d´interventions libres, dans lesquelles on parle de tout pendant deux semaines. On manque ensuite de temps pour concentrer son attention sur les points spécifiques et pour tirer des conclusions efficaces. On écrit quelque chose en une nuit et on laisse tout entre les mains du pape".

Jean Paul II a entendu ces remarques et cette attente. "La nature missionnaire de l´Eglise, qui part du Christ, trouve un soutien dans la collégialité épiscopale et a été encouragée par le Successeur de Pierre, dont le ministère vise à promouvoir la communion dans l´Eglise, garantissant l´unité dans le Christ de tous les fidèles".
Le samedi 26 mai, il recevait en audience personnelle le cardinal Jan Pieter Schotte, secrétaire général du synode des évêques et le cardinal Jean Baptiste Re, préfet de la congrégation pour les évêques.

Même s'il est difficile de modifier tout l'ensemble de la structure et du fonctinnement du prochain synode qui se tient en octobre, il y a là déjà une mise en mouvment de la lourde machinerie de la Curie romaine. Certes entre le voeu sincère du pape et les méandres des antichambres et des couloirs de la Curie romaine, il y a loin, aussi loin d'un rêve à la réalité.

Les récentes décisions qui ont été prises vis-à-vis du P. Dupuis ou du théologien espagnol Marciano Vidal montrent bien qu'on pourrait espérer un peu plus de délicatesse dans les démarches, mais la prise en considération de la collégialité n'est pas le fait des services centraux. Les évêques de l'Inde viennent d'ailleurs d'en discuter.

Ajoutons même que la prise en compte de la volonté du pape d'inculturer l'Evangile n'est pas forcément admise par certains hauts dignitaires qui ont encore du mal à se défaire d'une conception occidentale latine, qui parfois rappelle ce qu'elle causé comme désastre en Chine pour une querelle qui ingorait la culture chinoise..

Pour plus d'informations sur les déclarations des cardinaux : Service de presse du Vatican

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