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09.06 - Dans le quotidien de l'Eglise en Afrique.

Il y a les événements médiatiques, il y a la réalité quotidienne d'une charité discrète et méconnue comme celle de l'aventure d'un ancien et jeune prisonnier des rebelles du L.R.A. en Ouganda dont nous parle le P. Albanese.

Le P. Giulio Albanese est directeur de l'agence missionnaire MISNA. Il envisage d'ailleurs de transmettre ainsi de nombreux reportages à la suite des voyages qui le conduisent dans les centres missionnaires des religieux comboniens, congrégation missionnaire à laquelle il appartient. Celui qui suit est le premier de la série.

"J'ai fui aux rebelles il y a quelques jours et vous ne pouvez pas vous imaginer combien je suis heureux d'être rentré chez-moi". Ces mots sont ceux de Charles Atube, un garçon de 12 ans, maigre et efflanqué, d'ethnie Acholi. Père Tarcisio Pazzaglia, curé de Pajule, une mission perdue dans le nord de l'Ouganda, me le présente dès mon arrivée à la mission. Nous sommes à 370 kilomètres de la capitale, Kampala. "Ici, l'histoire de Charles ne fait pas l'actualité, commente amèrement Père Pazzaglia. Les enlèvements de mineurs se produisent presque tous les jours dans cette région, en périphérie du monde".

La fuite de Charles a été un authentique miracle. Il avait été contraint à servir de porteur aux rebelles du LRA (Armée de résistance du Seigneur), marchant au milieu des bois, des prés, des buissons et des marécages. Le 28 mai, alors qu'il guéait sur le fleuve Asswa, un grand affluent du Nil, il s'est laissé transporter par le courant. Ses tyrans ont pensé qu'il s'était noyé. Il est de fait que de cette manière rocambolesque, il a réussi après plusieurs jours de marche à atteindre un poste de l'armée gouvernementale. "Dans ma fuite, j'ai dû boire l'eau des marécages, sinon la soif m'aurait coupé les jambes".

Le P. Pazzaglia, 67 ans, originaire de Pesaro (Italie), est un fervent défenseur du processus de paix et a récemment rencontré les rebelles à deux reprises, en qualité de négociateur. "La paix avec le LRA est possible, mais le chemin est encore long. Nous savons que certains membres des rebelles ont décidé de déposer les armes mais il y a encore de nombreuses bandes armées qui sèment le trouble dans les districts de Kitgum, de Gulu et de Pader".

Ici, à Pajule, le soleil s'est couché depuis peu et nous nous trouvons à présent à l'intérieur du presbytère, petite forteresse de Dieu dans laquelle P. Tarcisio vit désormais seul. Son plus proche collaborateur, P. Raffaele di Bari, a été tué par les rebelles le 1er octobre dernier, dans une embuscade. "Je ne suis pas un héros, dit ouvertement le P. Pazzaglia, même si je suis conscient d'être une sentinelle du Seigneur aux côtés des pauvres".


Pour plus d'informations : Agence Misna

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