16.06 - Soudan : Les déplacés
du pétrole.
Julie
Huou, analyste chargée de projets du département Afrique du Secours
Catholique, rapporte que " les populations dans cette région sont sans
cesse obligées de se déplacer, chassées par le gouvernement du Soudan
tout au long du pipe-line Bentiu-Port-Soudan "
La manne du pétrole vient ajouter
de l'huile sur un feu déjà ardent. Désormais, au Soudan, les populations
déplacées ne sont plus seulement celles qui ont choisi de partir à cause
de conditions difficiles ou de la guerre, ou des conflits ethniques.
L'exploitation de zones pétrolifères conduit les autorités à pratiquer
la politique de la terre brûlée : déplacements forcés et destructions
de villages sont devenus monnaie courante.
Mgr Taban Paride, évêque de Torit, dénonce cette situation :" Les populations
meurent de faim pendant que la communauté internationale réfléchit…
" C'est pour tenter de sortir de cette inertie et pour sensibiliser
l'opinion internationale qu'a été lancée, fin mai, une campagne européenne
intitulée "La paix d'abord, le pétrole ensuite".
Elle regroupe une cinquantaine d'organisations non gouvernementales
européennes dont le Secours Catholique. L'objectif principal de cette
campagne est d'arriver à faire " suspendre la production de pétrole
et son exploitation jusqu'à ce que des garanties suffisantes existent
pour que les revenus soient équitablement partagés et qu'ils bénéficient
à toute la population ".
Le site du Secours Catholique français présente une carte
suggestive des concessions en cause, qui sont au profit du Suédois Lundin
Oil, de TotalFina-Elf, de Royal Dutch/Shell, de Patronas de Malaisie,
du CNPC de Chine.
Pour faire face aux difficultés qui sont nées de leur présence,
le Secours Catholique soutient un programme de sécurité alimentaire
mis en place par la Caritas des États-Unis (CRS) à Rumbek. Il est important
de permettre aux familles qui viennent de s'installer, de cultiver leur
propre terre et de favoriser leur autonomie.
Dans le même temps, il maintient son appui au processus de réconciliation
au Sud-Soudan. En effet, venant s'ajouter à la guerre qui oppose le
gouvernement de Khartoum aux mouvements rebelles du Sud, les conflits
ethniques entre Nuers et Dinkas déchirent la région.
Le "New Sudan Council of Churches" (NSCC) est engagé depuis
cinq ans dans la recherche de la paix au Sud-Soudan. Il a été à la base
des accords de Wunlit signés en avril 1999, réconciliant les deux ethnies.
Cette institution a pris aujourd'hui l'initiative d'une nouvelle rencontre
qui a lieu du 16 au 22 juin au Kenya.
Mgr Caesar Mazzolari, évêque du diocèse de Rumbek, revient d'une tournée
d'évaluation de la situation humanitaire dans son diocèse. Il raconte
: " La plupart des 50 000 personnes que j'ai visitées dans la région
sont des déplacés de la zone de la ligne du chemin de fer et du front.
Leur situation est pathétique et il est clair que la communauté internationale
n'est pas au courant. Ces gens sont à l'article de la mort. Les déplacés
ont vu leurs biens brûlés et ont été chassés de leurs terres ancestrales.
Ils arrivent dans les villages environnant Rumbek. ..."Pour les
accueillir, il n'y a rien, ni hutte, ni nourriture, ni puits. "
Pour plus d'informations : Secours
catholique
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