16.06 - U.S.A. : Le caractère sacré
de la vie.
Aux Etats-Unis,
l'exécution de Timothy McVeigh, lundi dernier 11 juin, a suscité les
réactions que l'on sait, les unes contre cette exécution, d'autres
maintenant la peine de mort devant des actes d'une grande gravité.
Mgr Joseph A Fiorenza, évêque de Houston, président de la Conférence
nationale des évêques catholiques américains a regretté cette exécution.
"C'est un triste jour pour les Etats-Unis" a-t-il déclaré En exprimant
sa sympathie et sa prière aux familles des victimes, il a ajouté : "En
ce jour difficile, nous promettopns de mettre tous nos efforts pour
renverser cette culturer de violence et la remplacer par un profond
respect pour la valeur inhérente que le don de Dieu confère à chaque
vie humaine."
D'autres évêques ont également réagi, conscients que cette exécution
mettait à l'épreuve le courage de faire valoir le point de vue des catholiques
de plus en plus nombreux qui estiment que la peine capitale n'est pas
appropriée.
Ainsi Mgr Pilarcyck de Cincinatti a déclaré : "Ce qui est en cause n'est
pas de savoir si McVeigh est coupable d'un crime horrifiant. Ni d'apprécier
la souffrance qu'il a causée. L'enjeu est de savoir si tuer le tueur
résoud quoi que ce soit. Cela ne résoud rien."
De son côté, dans un entretien avec le quotidien italien
"Avvenire", le père de Julie Welch, l´une des victimes,
a fait cette déclaration : "Qu´est-ce qu´on a gagné? Timothy
McVeigh est mort et les parents des victimes sont rentrés chez eux avec
leur douleur et leur soif de vengeance insatisfaite".
Julie avait 24 ans le jour où elle a été tuée
dans l´attentat contre le bâtiment fédéral de Oklahoma où elle travaillait,
le 19 avril 1995.
Bouleversé par la mort de sa fille, il s´est malgré tout engagé résolument
à lutter contre la peine de mort aux Etats-Unis.
"J´espère seulement que lorsque le soleil se couchera sur Terre Haute,
ces pensées nous rapprocheront de l´abolition de la peine de mort",
a ajouté Bud Welch. Q:
..." Lorsque le terroriste qui a tué notre fille a été exécuté,
j'ai ressenti de la tristesse. Ce n´était qu´un acte de vengeance, réalisé
par l´Etat. Il n´a rien apporté aux familles des victimes car demain
elles se lèveront avec le même vide qu´avant."
..." Comment peut-on imaginer guérir la douleur avec une exécution?
Il est temps que notre pays réfléchisse et comprenne ce qu´est en réalité
la peine de mort: une vengeance collective qui ne fait qu´alimenter
le cycle de la violence et des sentiments de colère... Je m'oppose à
cause d´une conviction personnelle, de l´expérience et de la foi. Je
sais que la vie appartient à Dieu et ce n´est pas à nous les hommes
de la donner ou de l´enlever."
..." Nous pouvons punir les criminels et faire en sorte qu´ils
ne récidivent pas, en utilisant des systèmes différents. Mais la mort?
Où conduit-elle? Les familles des victimes garderont leur soif de vengeance
mais elles n´auront plus personne vers qui la diriger. Est-ce vraiment
la solution que nous voulons pour nos tragédies?"
Bud Welch d'ajouter : "Je voudrais remercier Jean-Paul II non seulement
pour la demande qu´il a faite dans ce cas, mais aussi pour tout son
engagement contre les exécutions en général. En tant que fidèle, je
remercie l´Eglise de la fermeté avec laquelle elle défend la dignité
de la vie. Comme catholique pratiquant, j´ai vu personnellement les
fruits des paroles du pape, car maintenant tous les prêtres se prononcent
contre la peine de mort dans leurs paroisses, et il y a de plus en plus
d´évêques et de cardinaux américains fortement engagés dans ce domaine."
Et à la question de l'Avvenire : Ces derniers mois vous avez
eu des contacts avec Bill McVeigh, le père du terroriste exécuté. Les
media disent que vous êtes devenus amis. Comment peut-on établir une
telle relation? Bud Welch a répondu : "Nous sommes deux
pères qui ont perdu leurs enfants. Il est juste de souligner que ce
destin n´a pas été choisi par les victimes. Je pense tous les jours
à ma fille et je sais qu´aujourd´hui elle est triste et contrariée comme
moi. Elle travaillait pour Amnesty International depuis qu´elle avait
16 ans et elle allait à la messe tous les jours. Elle croyait en Dieu,
elle croyait au caractère sacré de la vie et à la force du pardon. Elle
n´aurait jamais voulu cette vengeance, accomplie, qui plus est, en son
nom.
Pour plus d'informations : Agence
C.N.S.
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