16.06 - France : Condamné avec sursis
?
Le vendredi
15 juin, au deuxième
jour du procès, le procureur de la République de Caen, Jacques-Philippe
Segondat, a requis vendredi après-midi quatre à six mois de prison assortis
du sursis à l'encontre de Mgr Pierre Pican, l'évêque de Bayeux-Lisieux,
poursuivi pour ne pas avoir dénoncé les actes pédophiles d'un prêtre
de son diocèse.
Le tribunal correctionnel de Caen a mis vendredi en délibéré au 4 septembre
le jugement du procès de Mgr Pierre Pican. Dans un réquisitoire, sobre
et sévère,qui aura duré près d'une heure, le procureur
a tout d'abord qualifié ce procès de "procès de notre époque" en précisant
que "ce n'est pas le procès de l'Eglise, mais d'un homme d'Eglise qui
a manqué à son devoir de dénonciation prévu par le code pénal".
Sur l'attitude adoptée par l'évêque lors de la révélation des faits
de pédophilie de l'abbé Bissey, le procureur a donné son point
de vue, discernant, à son avis, "une certaine forme de dissimulation,
une attitude de 'wait-and-see' (attentisme)... "Mais les victimes qu'avez-vous
fait pour elle?".
Il a ensuite dénoncé "l'immobilisme, l'attentisme de cet évêque animé
du secret espoir que tout allait rentrer dans l'ordre". Mais il a été
encore plus loin dans sa description de Mgr Pican, le décrivant comme
"une personnalité psycho-rigide au langage hermétique".
Il a enfin abordé ce qui va être déterminant pour bien
d'autres cas, le sujet du secret professionnel et du secret de la confession:
"Si je me place dans la peau d'un jésuite, je m'en lave les mains. Mais
il n'y a pas de confidences ici, nous ne sommes pas dans une situation
de confidence"... "Ce dossier douloureux a remis en cause des valeurs
fondamentales qui doivent être replacées dans leur juste ordonnancement",
a-t-il expliqué.
Maître Thierry Massis, avocat de Mgr Pican a souligné que,
dans un tel domaine et en raison des conséquences d'un tel jugement,
la justice ne peut se contenter de ne juger qu'un fait isolé.
Elle doit tenir compte de l'implication de valeurs fondamentales apparemment
contradictoires. Les décisions prises feront jurisprudence aussi
bien pour les médecins que pour les membres de l'enseignement.
Pour plus d'informations : Diocèse
de Bayeux-Lisieux
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