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23.06 - U.S.A. : Au risque de rendre incompréhensible...

Des évêques américains se déclarent insatisfaits de l'instruction du Vatican concernant les prescriptions linguistiques qui refuse le "langage inclusif" et prône la traduction littérale.

A l'occasion de leur assemblée de printemps, qui s'est tenue à Atlanta, nombre d'entre eux ont exprimé leur inquiétude et se sont demandé si les prescriptions linguistiques détaillées venant de Rome étaient appropriées à la réalité américaine. Les évêques ont adopté une résolution demandant que le second volume du lectionnaire américain pour la messe, qui vient d'être approuvé par Rome, soit publié promptement "pour des raisons pastorales pressantes".

Les inquiétudes épiscopales ont été suscitées par la publication le 8 mai dernier d'une 5ème "instruction" romaine "pour une "application correcte" de la constitution sur la liturgie" promulguée par le Concile Vatican II, intitulée "Liturgiam Authenticam''. Ce document établit un certain nombre de normes pour les traductions avec lesquelles les experts en traduction sont en désaccord.

L'instruction romaine souligne que le travail de traduction doit être la restitution exacte et fidèle des éditions normatives (ou "typiques") en langue latine des textes liturgiques. Le document romain récuse la tendance "politiquement correcte" très présente depuis quelques années dans le monde anglo-saxon d'adopter un langage "inclusif" visant à ne pas discriminer les femmes.

Il a été mal reçu par les secteurs progressistes de l'Eglise américaine, mais salué par les milieux conservateurs qui dénonçaient depuis longtemps la "capitulation" devant les pressions des féministes américaines. L'approbation par le Vatican du Volume 2 du lectionnaire américain, adopté par les évêques, a été retenue durant plusieurs années en raison notamment des craintes du Vatican à propos du "langage inclusif" qui se développe dans l'Eglise catholique au Etats-Unis.

Mgr Oscar H. Lipscomb, évêque de Mobile et président de la Commission sur la liturgie, a révélé que le texte révisé a subi près de 800 changements. Il a signalé aussi que l'instruction demande de retenir les termes bibliques ou patristiques traditionnels même si cela signifie s'écarter des modes d'expression modernes.

Mgr Emil A. Wcela, évêque auxiliaire de Rockville Centre, un spécialiste d'Ecriture sainte, a mis en question l'insistance de l'instruction sur les traductions littérales. Mgr Donald W. Trautman, évêque d'Erie, lui aussi spécialiste d'Ecriture sainte, a exprimé son inquiétude concernant les implications pour les traductions bibliques et liturgiques soulevées par la déclaration du document romain faisant de texte latin de la Bible publié en 1979 un texte normatif pour les traductions.

Mgr Daniel E. Pilarczyk, archevêque de Cincinnati, pendant longtemps l'un des principaux experts en traduction au sein de l'épiscopat américain, a résumé l'une des inquiétudes principales concernant le document romain. De son point de vue, pour l'art de la traduction, on ne peut établir des "règles universelles, encore moins un vocabulaire universel, parce que les mots ont une signification dans leur contexte.''

Egalement pour lui, la prétention de la Congrégation vaticane pour le culte divin à avoir la compétence sur les statuts de Commissions internationales d'éditions liturgiques, au point d'écrire et d'imposer des statuts, soulève beaucoup de questions.


Pour plus d'informations : Agence C.N.S.


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