Infocatho



25.06 - France : Le foetus est-il une personne ?

La Cour de cassation examine en audience plénière le statut de l'enfant à naître Elle doit décider si un fœtus, mort après un accident de la route, a été victime d'"homicide involontaire" car "sauf à perdre le sens des mots, l'embryon ou le fœtus sont des êtres humains." déclare l'avocat général.

Cette question juridique et éthique a été examinée, vendredi 22 juin, en assemblée plénière, par la Cour de cassation. "L'enfant à naître est un autrui", a estimé l'avocat général Jerry Sainte-Rose, mettant en garde contre toute "dépénalisation". Avec toute la solennité qui lui sied, la Cour de cassation s'est penchée, vendredi 22 juin, sur une affaire judiciaire aux confins de la science et de la métaphysique.

Réunie en assemblée plénière, sous la houlette de son premier président, Guy Canivet, la Cour a examiné un dossier d'accident de la route, qui doit l'amener à dire si un fœtus de six mois, mort des suites des blessures de sa mère, peut être considéré comme victime d'un homicide involontaire. La haute juridiction française est saisie, en effet, d'un pourvoi contre un arrêt de la cour d'appel de Metz, qui avait estimé que le fœtus n'est pas une "personne" et ne peut être protégé par le droit pénal.

Le soir du 29 juillet 1995, Sylvie Grosmangin et son compagnon ont été percutés par la voiture d'un automobiliste ivre. Sous l'effet du choc, l'abdomen de la jeune femme, qui était enceinte de six mois, a été fortement compressé par la ceinture de sécurité. Cinq jours après l'accident, elle accouchait d'un enfant mort-né de sexe féminin. L'autopsie a prouvé que l'enfant "est née prématurément, à six mois de grossesse, viable, et n'a pas vécu du fait de lésions cérébrales importantes en relation directe avec l'accident dont sa mère a été victime".

Le 17 juin 1997, le tribunal correctionnel condamnait le chauffard à deux ans de prison dont un avec sursis pour homicide involontaire et blessures involontaires, aggravés par un état alcoolique. Cette décision a été infirmée partiellement par la cour d'appel de Metz, le 3 octobre 1998, qui a relaxé l'automobiliste des faits d'homicide involontaire sur l'enfant. A l'appui de sa décision, la cour d'appel avait relevé que, pour qu'il y ait "personne", il faut qu'il y ait un être vivant, c'est-à-dire venu au monde et non encore décédé."

"Le fœtus a une vie biologique propre, les praticiens le considèrent comme un patient. Avant sa naissance, il est considéré comme un membre de la famille, on lui donne un prénom. S'il meurt avant terme, on lui organise des obsèques", a soutenu l'avocat général à l'audience. Dire le contraire, "ce serait dénier à l'enfant à naître la qualité d'être humain et créer un vide juridique", a-t-il soutenu.


Cette jurisprudence rejoint la déclaration des évêques de France, le lundi 25 juin.

Pour plus d'informations : Conférence des évêques de France


Retour