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19.07 - France : Une démarche personnelle surprenante.

Le pasteur Michel Viot, inspecteur ecclésiastique de l'Eglise évangélique luthérienne de France à Paris, rejoint l'Eglise catholique et va se mettre au service de la paroisse de Châteaudun, dans le diocèse de Chartres.

Selon l'entretien qu'il a accordé au quotidien catholique français "La Croix", c'est la question de la justification qui a déterminé principalement sa décision. "Cet accord représentait donc pour moi une étape historique. Dès lors, je ne voyais pas pourquoi maintenir le schisme ... L'unité n'est pas accessoire. La division des chrétiens est un obstacle à l'évangélisation."

Plusieurs points l'agacent dans le protestantisme. Par exemple quand les Eglises réformées, avec qui les luthériens sont en union, admettent aujourd'hui des non-baptisés à la communion, ce qui est "inacceptable". Ou encore quand un laïc, par simple délégation, reçoit aujourd'hui le pouvoir de célébrer l'eucharistie, ce qui est "une insulte à la tradition du ministère eucharistique".

Michel Viot a toujours été attiré par l'Eglise catholique, dans laquelle il avait été baptisé mais dans laquelle il n'a jamais reçu d'éducation religieuse. C'est à l'adolescence, lors de vacances en Alsace, qu'il rencontre un couple de luthériens. Il prend alors contact avec une Eglise protestante à Paris. Quelques années plus tard, il est pasteur à l'église des Billettes à Paris, dans le quartier de l'Hôtel de Ville. En 1981, il est président du Consistoire luthérien de Paris puis, en 1986, inspecteur ecclésiastique de Paris, ce qui peut être comparé à un rang d'évêque chez les luthériens.

"Pour ce qui regarde les croyances concernant la Vierge Marie, dit-il au journal "La Croix", Luther y croyait dans l'ensemble. J'admets aujourd'hui ces dogmes mariaux d'autant plus que l'Eglise catholique affirme l'obtention du salut par la seule foi au Christ. Quant à la question du pape, il faut donner à la promesse faite à Pierre toute sa portée. Jésus, en effet, ne pouvait ignorer que la construction de l'Eglise demanderait des générations. Ce qui s'appliquait à Pierre, le premier choisi, s'applique donc à ses successeurs."

Ce passage à l'Eglise catholique d'un pasteur luthérien français, ayant rang d'évêque, n'a pas laissé indifférente l'Eglise évangélique luthérienne de France. Elle dit respecter une décision individuelle qui n'implique pas l'Eglise luthérienne en tant que telle, qui entend bien rester indépendante. "La Réforme n'est pas un accident, mais le début d'un renouvellement de l'Eglise, de toute l'Eglise", affirme l'Eglise luthérienne dans son communiqué.

Reprenant les déclarations de Michel Viot, le communiqué précise : "Si, lors de leur dernier Synode national, nos frères réformés ont jugé bon de tolérer que certains non-baptisés communient, le Conseil National de l'ERF a bien précisé qu'il s'agissait de démarches individuelles qui ne remettaient pas en question l'ordre traditionnel, selon lequel le baptême doit précéder l'admission à la Cène. De plus, les Eglises luthériennes maintiennent sur ce point l'intégralité de leur discipline, sans que la Concorde de Leuenberg soit remise en question."

L'Eglise luthérienne n'a pas un système épiscopal tel que l'entend l'Eglise catholique, rappelle le communiqué: "L'Inspecteur ecclésiastique, pasteur des pasteurs et exerçant le ministère d'unité, est élu pour un mandat de cinq ans par le Synode régional, composé lui-même, selon l'organisation presbytéro-synodale, par des représentants des paroisses, en majorité des laïcs. Les femmes reçoivent l'ordination, et nous n'entendons pas y renoncer. Le dialogue oecuménique n'est pas pour nous le chemin du reniement et du rattachement rapide à Rome, mais celui d'une écoute et d'une évolution commune des Eglises."

Pour plus d'informations : La Croix

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