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02.08 - Brésil : Est-ce vraiment un attentat ?

Mgr Moacyr Grechi, archevêque de Porto Velho, a été victime d'un accident de la route survenu samedi 28 juillet. Il se rendait dans une localité proche de Cuiabá (Mato Grosso) pour participer à une manifestation de travailleurs ruraux sans terre quand soudain, une camionnette a débouché d'une rue latérale et a heurté le véhicule de l'archevêque. Ce qui a fait qu'il pourrait s'agir d'un attentat.

L'archevêque souffre de graves lésions: fractures multiples de la cage thoracique, fracture de la clavicule, hémorragie pulmonaire et autres complications. La chance a voulu qu'une ambulance suivait de près l'automobile des deux prélats. Mgr Grechi a donc pu recevoir des secours immédiats; il a ensuite subi une intervention chirurgicale de près de cinq heures.

Les premiers détails ont fait penser à un attentat camouflé par un accident de la route, étant donné que l'archevêque est très connu pour sa défense acharnée des droits de l'homme, et qu'il a reçu de nombreuses menaces de mort. L'hypothèse de l'attentat était renforcée par le fait que le conducteur du véhicule qui a provoqué l'accident a tout de suite disparu après la collision. Depuis, il a été retrouvé par la police et l'hypothèse criminelle semble exclue.

Dans le passé, Mgr Grechi a dénoncé l'assassinat du syndicaliste Chico Mendes et les crimes de l'ancien député fédéral Hildebrando Pascoal, condamné l'an dernier à 30 ans de prison parce qu'il a été retenu coupable d'avoir guidé un "escadron de la mort" auteur de trafic de drogue et d'homicides à Rio Branco.

L'incrimination de Pascoal a été possible grâce à l'engagement et au courage de Mgr Grechi qui, en septembre 1999, avait signalé l'existence d'une organisation de trafiquants de drogue dans l'Acre, plus particulièrement à Rio Branco. Le prélat avait déclaré à une Commission parlementaire d'enquête que l'organisation de malfaiteurs avait des ramifications au sein d'un escadron de la mort chapeauté par Pascoal. Ce dernier s'était servi de cimetières clandestins pour cacher plus de 100 cadavres de personnes devenues inutiles ou dangereuses pour ses activités illégales.

Le témoignage du prélat avait été suivi de ceux de dizaines de personnes qui avaient alors retrouvé la force de porter plainte. Des atrocités inimaginables furent alors révélées: meurtres à la tronçonneuse, cadavres mutilés, existence d'aéroports clandestins pour trafiquer la drogue provenant des pays limitrophes et implication de policiers militaires, civils et fédéraux, de députés, d'anciens gouverneurs, de juges, de gros commerçants et de riches rentiers.

Pour plus d'informations : Agence Misna

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