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04.08 - France : Est-ce seulement une question de langage ?.

La mise au point de la Commission pour l'Unité des chrétiens de la Conférence des évêques de France, que préside l'archevêque de Rennes, Mgr François Saint-Macary, après les décisions prises par le synode réformé tenu à Soissons en mai dernier, est considérée par l'Eglise Réformée comme "une intervention musclée et critique."

Dans une longue note adressée à Mgr Saint Macary, le président de l'Eglise évangélique de France, le pasteur Marcel Manoël, répond à "cette interpellation claire adressée aux réformés français, interpellation acceptée et discutée", selon l'hebdomadaire "Eéforme".

..." Le Conseil national de l'ERF n'a certainement pas voulu simmlement s'aligner sur les réalités psychologiques de notre époque, mais bien inscrire, dans ces réalités actuelles, son écoute de la Parole de Dieu et son insertion dans la tradition chrétienne."

Toujours dans cette note, sur un plan doctrinal, Marcel Manoël accepte l'idée selon laquelle de "graves divergences" à propos de la conception de l'Eglise en général et des sacrements en particulier, subsistent entre Eglises réformées et catholique.

"Pour les Eglises réformées, rappele-t-il, une juste compréhension de l'Evangile doit amener à refuser tout ce qui, dans l'ecclésiologie, semble porter atteinte au salut par la grâce seule, en particulier toute 'coopération' de l'Eglise au mystère du salut, qui ferait de celle-ci, et non de Dieu, l'auteur de la grâce. L'Eglise est, en effet, toujours objet de la grâce, jamais son sujet. Sa tâche est d'aquiescer au oui que Dieu a prononcé sur le monde, et de le confesser au titre de témoin et de servante, toujours exposée au jugement de Dieu comme à sa grâce."

Ce terme de "servante" n'est pas compris de la même manière par les Eglises réformées et par l'Eglise catholique.

Dans un entretien au quotidien catholique français "La Coix", le 16 juillet, le pasteur Manoël revenait déjà sur ces questions.

..."Je crois, y déclare-t-il, que la Commission épiscopale a tout à fait raison d'intervenir pour dire le point de vue de l'Eglise catholique. Cela fait partie de la règle du jeu. Nous avons interrogé l'Eglise catholique sur certaines de ses positions, notamment à la suite de "Dominus Iesus". Ils est donc normal que nous soyons interrogées à notre tour."... " La disposition en cause (que vient de prendre l'Eglise Réformée) n'est qu'un élément de la décision du synode, qu'il aurait été préférable de prendre dans son ensemble. Il est dommage d'avoir focalisé l'attention sur un point, certes important, mais pas le plus important."

..."Il est clair que, catholique et réformés, nous n'avons pas la même conception de l'Eglise, des sacrements et des ministères. Pour les catholiques, le baptême est un sacrement "efficace", c'est- à dire qu'il fait entrer dans Eglise. Pour nous, il est un signe de l'entrée dans l'Eglise, et à ce titre il sera toujours administré; mais ce qui fait l'Eglise, pour nous, c'est la Parole de Dieu donnée dans la prédication, la méditation et les sacrements."

..."Nous avons, de fait, des conceptions de l'Eglise et du baptême différentes. Mais au bout du compte, sous des langages théologiques différents, ne voulons-nous pas dire la même chose? Il faudrait que chaque Eglise accepte davantage le langage théologique de l'autre Eglise."..."Pour exprimer une même réalité, il peut y avoir des discours différents, mais que ces discours ont la même intention théologique et veulent exprimer la même foi.

Mais l'Eglise catholique pense qu'il ne s'agit pas seulement d'une question de langage, mais de la doctrine fondamentale sur l'Eglise et sa mission dans le plan de Dieu, tel que le Christ l'a révélé.

Pour plus d'informations : Journal "Réforme"

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