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11.08 - Philippines : Connivences Abbu Sayyaf et l'armée.

Les récentes déclarations du P. Cirilo Nacorda, prêtre diocésain, font grand bruit aux Philippines. Il a en effet accusé cinq officiers militaires de connivence avec les rebelles islamiques du groupe Abu Sayyaf.

Le P. Max Rodriguez, missionnaire clarétain à Zamboanga (sud des Philippines), qui connaît Père Nacorda, a confirmé à l'agence missionnaire MISNA ce que le prêtre, curé de Lamitan (île méridionale de Basilan), avait révélé il y a quelques jours à la presse locale. "Tout ce qu'il a dit est vrai, a dit P. Rodriguez : des militaires ont reçu de l'argent de la main des guérilleros pour faire en sorte que ces derniers puissent échapper à un assaut des troupes gouvernementales".

Les faits se rapportent à un incident survenu le 2 juin dernier à Lamitan, où les rebelles avaient fait irruption à l'hôpital Don José Maria Torres, situé dans un complexe comprenant une église, le presbytère et un couvent de religieuses. Les extrémistes avaient avec eux quelques-uns des otages enlevés le 27 mai 2001 dans un centre touristique de la petite île d'Arreceffi (sud-ouest des Philippines). Les rebelles parvinrent à s'enfuir après quelques heures.

Le Père Nacorda a tout récemment affirmé que le 02 juin, vers 16 heures locales, un officier aurait ordonné aux soldats placés à l'arrière de l'hôpital d'évacuer la zone, ce qui aurait aidé les rebelles dans leur fuite. Il a en outre affirmé avoir parlé avec des infirmières d'un hôpital proche du Don José Maria Torres, où ce jour-là, les rebelles atterrirent en hélicoptère. Ces infirmières affirment avoir vu deux militaires portant d'une malette remplie d'argent. Et quand on demanda aux représentants des Forces armées: "Quand finira l'assaut?", il auraient répondu: "Très bientôt".

Le 10 août, dans un entretien exclusif accordé au au journal philippin "Philippine Daily Inquirer", le curé de Lamitan a relancé ses accusations en affirmant que le FBI américain était également au courant des contacts entre Abu Sayyaf et les Forces armées. "Certains agents du FBI, a-t-il déclaré, m'ont contacté plusieurs fois, jusqu'à ce que j'accepte leur invitation. Nous nous sommes rencontrés le 3 juillet à l'ambassade américaine et j'ai été surpris d'apprendre combien de renseignements le FBI avait recueilli au sujet d'une éventuelle conspiration militaire".

Le P. Nacorda a confessé avoir parlé parce qu'il ne "pouvait plus supporter les activités des militaires de Basilan". Le P. Nacorda avait été enlevé en juin 1994 par une faction des rebelles d'Abu Sayyaf guidée par Barahama Sali et active à Basilan, avec 63 autres personnes. Après 61 jours de captivité, blessé, il avait été relâché sur ordre de Sali. En 1995, durant la visite du Pape Jean-Paul II aux Philippines, Père Nacorda fut victime d'une autre tentative d'enlèvement par les rebelles d'Abu Sayyaf. En juin dernier, l'irruption des guérilleros à l'hôpital dédié au Père clarétain Torres a coûté la vie à deux collaborateurs du P. Nacorda.

Pour plus d'informations : Agence Misna

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