11.08 - Liban : Condamnations discutables et
discutées.
Dix militants chrétiens anti-syriens
ont été condamnés à des peines de prison
pour atteinte à la réputation de l'armée syrienne.
Au moment où les organisations religieuses libanaises se regroupent
et se réconcilient tout en demandant le départ de l'occupant
syrien, ce jugement est une réponse gouvernementale qui ne peut
être sans intention. Ces arrestations de chrétiens antisyriens
entraînent d'ailleurs une crise au Liban.
Le tribunal militaire de Beyrouth n'est pas indépendant des forces
militaires syriennes, loin de là. Arrêtés récemment,
ces dix militants chrétiens anti-syriens ont été
condamnés à des peines allant de cinq à quarante-cinq
jours de prison "pour diffamation envers le chef de l'Etat et atteinte
à la réputation de l'armée syrienne.
Ces jeunes avaient participé à une manifestation d'étudiants
devant le ministère de la Justice dans lequel quelque 300 avocats
faisaient un sit-in pour réclamer la libération des chrétiens maronites
emprisonnés selon eux illégalement.
Ces arrestations s'ajoutent à celle déjà enregistrées mardi à Beyrouth,
car les affrontements de jeudi ont opposé les forces de l’ordre aux
proches des quelques 250 personnes interpellées depuis mardi, ont annoncé
les responsables libanais de la sécurité. Amnesty International a également
dénoncé ces arrestations.
La France pour sa part a indiqué qu'elle suivait "avec une
grande attention" ces événements et a rappelé
"son attachement aux libertés publiques.
Ont été arrêtés des partisans du général Michel Aoun, exilé en France,
et de Samir Geagea, dirigeant des Forces libanaises, emprisonné au Liban,
ainsi que des membres du Parti chrétien national- libéral de Dory Chamoun.
Depuis dimanche, le fossé semble s’approfondir entre le premier ministre
Rafic Hariri et les Services de sécurité, proches du président Emile
Lahoud, le premier ministre reconnaissant son impuissance face à eux
et leur reprochant d’outrepasser leurs prérogatives.
Le chef druze Walid Jumblatt, qui vient de rencontrer le patriarche
maronite Nasrallah Sfeir, a pour sa part menacé de retirer ses trois
ministres du gouvernement si les responsables de ces arrestations n’étaient
pas limogés.
Le ministre de l'intérieur, Elias Murr, a accusé, le jeudi 9 août,
les chrétiens arrêtés de vouloir "désintégrer les systèmes militaires
et de sécurité" du pays. Selon lui, l’enquête a révélé qu’ils préparaient
un "projet de partition et de fédéralisme pour le pays".
Cette vague d'arrestations et de violence qui survient donc après la
visite, en fin de semaine passée, du cardinal Nasrallah Pierre Sfeir,
patriarche d’Antioche des maronites, avec Walid Joumblatt, chef des
milices druzes responsables de terribles attaques contre la communauté
chrétienne pendant la guerre civile de 1975 à 1990, est le signe que
les forces pro-syriennes semblent pas avoir apprécié cette initiative.
D'où les rafles et des arrestations opérées depuis plusieurs jours dans
les rangs de certaines forces chrétiennes libanaises.
Ces rafles ont provoqué d'ailleurs un véritable tollé dans les milieux
politiques et parlementaires ainsi que dans les rangs de l’Ordre des
avocats de Beyrouth, d'autant que plusieurs des personnes appréhendées
sont membres du Barreau, dont le général Lteif. Pour la plupart des
députés et personnalités politiques, ces arrestations constituent "une
riposte des Services de Renseignements au climat politique qui a entouré
la visite du patriarche maronite au Chouf".
Pour plus d'informations : Patriarcat
maronite
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