20.08 - Brésil : Les militaires espionnent
l'Eglise.
La Conférence nationale des évêques du Brésil, la CNBB, a sévèrement
critiqué les activités d'espionnage des services de renseignements militaires
brésiliens visant les mouvements sociaux et les agents pastoraux de
l'Eglise.
L'armée surveille en particulier la "Commission Pastorale de la
Terre" (CPT), un organisme qui dépend de la CNBB, ainsi que le
"Mouvement des Travailleurs Sans Terre" (MST). Elle les définit
comme des "forces ennemies" susceptibles d'être surveillée, contrôlées
et éliminées.
La Conférence épiscopal a vivement réagi à ces
révélations publiées par la presse brésilienne concernant cette
surveillance, par communiqué dénonçant les enquêtes secrètes menées
sur les actions des agents pastoraux. "Ce qui se passe aujourd'hui n'est
pas une nouveauté dans notre pays. A chaque fois que les paysans et
les pauvres en général tentent de s'organiser et de lutter pour leurs
droits, ils ont été soumis à une surveillance et durement combattus",
déclare ce communique de la Pastorale sociale de la CNBB.
"Cela fait partie d'une action concertée menée ces dernières années
par le gouvernement fédéral pour tenter de désarticuler les mouvements
sociaux dans la campagne et de façon particulière le Mouvement des SansTerre".
Selon les évêques catholiques, l'activité d'espionnage de l'armée contre
les mouvements sociaux et les agents pastoraux n'est pas quelque chose
d'isolé, que ce soit contre les agents pastoraux de la Commission Pastorale
de la Terre ou ceux du Mouvement des Sans Terre.
Toujours selon cette déclaration, le Brésil ne vit pas dans une
démocratie où la libre expression et la liberté d'organisation et d'association
sont garanties, et l'action de l'armée montre bien "le vrai visage de
notre régime". Brasilia, qui défend les intérêts des grands capitalistes
agraires, veut "criminaliser" le MST. La "Commission Pastorale
de la Terre", CPT, révèle que le nombre de morts résultant des
conflits agraires se monte déjà à 13 depuis le début de cette année.
Or récemment, le ministre brésilien du développement, Raul Jungmann,
a cyniquement déclaré que ces victimes ne sont le fait que de banales
disputes entre les travailleurs ruraux et leurs voisins.
Les évêques dénoncent "le grand capital" qui cherche à contrôler de
"véritables territoires à l'intérieur du territoire brésilien" en raison
de la richesse qu'ils contiennent en matière de biodiversité. Dans ce
sens, "ce qui est lamentable, ce n'est pas seulement l'espionnage, mais
la compréhension qu'a l'Etat de ceux qui luttent pour la justice dans
les campagnes, les considérant comme des "ennemis de la patrie".
La Conférence épiscopale dénonce l'existence d'un "noyau dur de l'élite
économique et politique qui s'oppose à une répartition plus équitable
des ressources et regarde avec terreur toute tentative de réforme agraire."
Pour plus d'informations : Agence
Misna
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