26.08 - Russie : Elle doit retrouver ses racines.
Le président Poutine s'est rendu en visite au monastère de Solovsky,
sur les îles Solovki, en Mer Blanche, qui fut le premier goulag et le
premier camp de travail forcé soviétique, installé dans ce monastère
en 1923 après sa fermeture lors de la révolution russe, où des
milliers de personnes, aussi bien membres du parti communiste que membres
du clergé, sont mort, en particulier sous le régime stalinien.
Dix ans après le coup d'Etat qui a provoqué la chute du communisme soviétique,
le président russe utilise cette visite comme un message. Au moment
où son pays marque le 10e anniversaire du putsch manqué contre le leader
soviétique d'alors, Mikhaïl Gorbatchev, le 19 août 1991, il rappelle
qu'en ce monastère des fils de la Russie, religieux ou simplement
ennemi du stalinisme, ont partagé la même déchéance.
"L'interprétation du coup d'Etat est encore un sujet qui divise le peuple
russe et Poutine déteste de faire part de ses vues sur une question
aussi délicate. Il s'est donné comme tâche d'unifier les Russes, et
non de les diviser", a précisé Georgy Satarov, un ancien aide de camp
de Boris Eltsine. Selon l'historien Dimitri Furman, "Poutine se distancie
progressivement du passé révolutionnaire et se présente comme le tenant
d'un pouvoir russe traditionnel et normal." Sous cet angle, la visite
du président Poutine aux îles Solovki, commémore simultanément les victimes
du régime soviétique tout en mettant l'accent sur la continuité de l'histoire
russe.
Mais en même temps, dans son intervention, il n'hésite
pas à redire sa foi orthodoxe et à rappeler que son pays
doit trouver son inspiration dans ses racines chrétiennes. "Sans christianisme,
sans la foi orthodoxe et sans la culture qui s'en dégage, la Russie
n'aurait pas vraiment existé en tant qu'Etat."
Il était d'ailleurs accompagné par le patriarche Alexis II, primat de
l'Eglise orthodoxe russe. "Aujourd'hui, a-t-il dit également,
alors que nous partons à la redécouverte de nous-mêmes, en quête des
bases morales de notre vie, il est très important, utile et opportun
de retrouver ces sources." Toutefois, dans cette allocuation, le président
Poutine a aussi semblé s'écarter de l'interprétation empreinte d'"exclusivisme"
du christianisme orthodoxe souvent propagée par des nationalistes russes.
"
Si Dieu a sauvé toutes les nations, cela signifie que nous sommes tous
égaux devant Dieu", a-t-il dit, en se référant à la déclaration du célèbre
métropolite Hilarion, évêque de Kiev au 11e siècle. Cette "simple vérité",
a poursuivi le président, est devenue le fondement de l'Etat russe et
a "rendu possible l'édification d'un Etat multi-ethnique fort et centralisé".
Mais l'Eglise orthodoxe se veut plus restrictive. Vsevolod Chaplin,
représentant du Patriarcat de Moscou chargé des relations avec
les organismes politiques et gouvernementaux, se félicite de la déclaration
du président. "Ce sont de très bonnes paroles, a-t-il dit. Même si le
président ne peut être considéré comme un théologien professionnel,
il comprend correctement l'essence de notre enseignement, qui combine
la foi profonde en notre tradition, la compréhension de son caractère
unique et sa valeur, son ouverture à d'autres peuples, d'autres traditions
et d'autres nations." Le représentant orthodoxe n'a pas parlé
"d'autres traditions religieuses..."
Pour plus d'informations : Service
orthodoxe de presse
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