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22.08 - Liban : Ils sont remis en liberté.

Les autorités militaires libanaises ont remis en liberté sous caution 75 personnes arrêtées pour opposition à la présence syrienne au Liban mardi, mais ont en revanche inculpé un responsable politique chrétien et un journaliste pour contacts avec Israël, crime capital dans le pays.

Selon le procureur militaire, Nasri Lahoud, 49 personnes ont été libéreés ce mardi matin et 26 autres l'ont été dans la journée. Elles restent poursuivies pour appartenance à des organisations interdites et atteintes aux relations avec un pays ami -la Syrie.

Parmi les personnes libérées figure Nadim Lteif, militaire à la retraite et bras droit de Michel Aoun, ancien chef de l'armée aujourd'hui en exil en France. Ces opposants chrétiens avaient été arrêtés dans plusieurs rafles qui ont déclenché une crise politique au Liban. Les Services de Renseignements, placés sous l'autorité du chef de l'Etat, ont arrêté du 5 au 8 août, et à l'insu du gouvernement, près de 200 activistes chrétiens hostiles à la tutelle syrienne sur leur pays.

Après la libération de lundi, encore 17 opposants, appartenant pour la plupart au mouvement interdit des Forces libanaises (FL) et deux journalistes, restent toujours détenus. Les militaires les accusent de semer la désunion dans le pays. Ces accusations sont rejetées par les leaders de la communauté chrétienne libanaise alors que les hommes politiques critiquent cette mesure jugée comme un abus de pouvoir de la part des militaires. Le Premier ministre Rafik Hariri a déploré ne pas avoir eu connaissance de ces détentions.

Ces libérations devraient apaiser la tension dans les régions chrétiennes du Liban. Les chrétiens soupçonnent une campagne militaire contre leur communauté et contre les opposants à l'influence syrienne. Toufic Hindy, haut responsable des Forces libanaises, principale milice maronite, dirigée par Samir Geagea et le journaliste Antoine Bassil, de la chaîne de télévision "Middle East Broadcasting", ont été inculpés de contacts avec des responsables israéliens. S'ils sont condamnés, ils encourent au minimum 15 ans de prison, voire la peine capitale.

Le président libanais Emile Lahoud a rencontré mardi le patriarche Nasrallah Sfeir, de l'Eglise maronite chrétienne, qui a condamné les arrestations. Il a déjà appelé à plusieurs reprises la Syrie à retirer ses troupes. De son côté, le président syrien Bachar el-Assad devait rencontrer le leader libanais de la communauté druze, Walid Jumblatt, à Damas le mardi 21 août en fin de journée. M. Jumblatt a également critiqué ces arrestations.

Le Comité de dialogue islamo-chrétien au Liban a également dénoncé dans un communiqué les atteintes aux libertés perpétrés ces derniers temps au Liban. "Les libertés constituent l'une des valeurs sur lesquelles repose ce pays, affirme le Comité, et toute atteinte à ces libertés, publiques ou privées, équivaut à une trahison du message du Liban."

Le Comité de dialogue islamo-chrétien estime encore que la récente visite effectuée par le patriarche maronite Nasrallah Sfeir dans la Montagne du Chouf, dans une région où vivent druzes et chrétiens, ainsi qu'à Jezzine et à Aley. "Cette visite prépare le terrain à une étape de réconciliation plus vaste et plus profonde, qui affirmerait l'attachement au message de coexistence qui constitue l'une des particularités de ce pays".

Pour plus d'informations : Patriarcat maronite

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