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28.08 - Inde : Des paroles qui attisent la violence.

Les propos du premier ministre indien, Atal Behari Vajpayee, qui insinuait que les chrétiens indiens pratiquaient des "conversions" en échange des "services" rendus ont provoqué des remous au sein même du Parlement et ont été condamnés par les Eglises chrétiennes.

La controverse a été suscitée par les remarques faites le samedi 18 août par le Premier Ministre qui aurait dit que "même si les missionnaires font un travail louable, certains cachent des visées de conversion qui ne sont pas correctes".

Le lundi 20 août, le Parlement a été la scène d'un débat animé lorsque les membres de l'opposition, conduite par le leader du Parti du Congrès, Priyaranjan Dash Munshi, ont protesté contre les remarques faites par le Premier Ministre durant le week-end.

Les Eglises estiment qu'une telle accusation est de nature à provoquer la violence contre les chrétiens. Elles rejettent l'idée que leurs programmes sociaux ou éducatifs serviraient à convertir des croyants d'autres religions. Elles craignent aussi que toute suggestion en ce sens soit utilisée en vue d'exacerber l'intolérance en une période marquée par l'escalade des violences contre les chrétiens.

"Au lieu de rassurer les chrétiens harcelés, il est malheureux que le premier ministre fasse des déclarations encourageant les fondamentalistes", a confié Vijayesh Lal, porte-parole de la Communauté évangélique de l'Inde, au correspondant de l'agence œcuménique ENI.

Dans un communiqué publié dès le 19 août, les évêques catholiques du nord de l'Inde se sont déclarés "profondément attristés par les informations selon lesquelles le Premier Ministre Vajpayee prétend que les missionnaires chrétiens pratiquent des conversions sous le couvert de services".

Ce n'est pas la première fois qu'il s'en prend à la communautés chrétienne. Aussitôt après son retour des Dangs, un district du Gujarat, au mois de janvier 1999, où des dizaines d'églises avaient été incendiées, il avait demandé un débat national sur la conversion, mais était revenu plus tard ses déclarations, en disant qu'il avait voulu simplement parler de dialogue mais pas de débat.

Si la récente déclaration du Premier Ministre a soulevé un certain émoi au Parlement, les médias ont choisi docilement de garder un silence relatif. Certes, il a parlé " du droit constitutionnel des chrétiens de prêcher " ; il a déclaré aussi : " de nombreux chrétiens font un travail digne de louange ". Il aurait pu développer sa pensée un peu plus sur ce " travail digne de louange ". Mais jamais il n'a mentionné que les chrétiens dirigent 17.000 écoles et collèges dans le Pays.

Il n'a jamais relevé que si on préfère donner du travail aux Indiens plutôt qu'à de nombreux autres Asiatiques, c'est grâce aux énormes possibilités que l'éducation qu'ils ont reçue des missionnaires leur a données. Et ceux qui gagnent leurs millions à l'étranger, et qui pourtant ne se sont pas convertis au christianisme, cela n'a pas été retenu par le Premier Ministre.

Le Premier Ministre aurait pu dire aussi que, malgré les accusations de conversions obtenues par la fraude ou par la séduction, l'évolution du nombre des chrétiens ne confirme en rien ces affirmations. Les chrétiens, même s'ils sont là depuis deux mille ans, représentent 2,34% de la population. Et, de fait, leur nombre n'a cessé de diminuer. Il y a quarante ans, ils représentaient 2,8% de la population ; si les accusations de conversions de masse par la fraude ou par la séduction étaient fondées, leur nombre représenterait actuellement 5% au moins.

Ceux qui accusent les chrétiens refusent de comprendre ce que ne cesse de répéter l'archevêque de Delhi, Mgr Vincent Concessao : " Convertir quelqu'un est une contradiction dans les termes. Seul Dieu peut toucher le coeur de quelqu'un pour recevoir une certaine foi. Nous partageons seulement la Bonne Nouvelle que nous avons reçue ".

Pour plus d'informations : Agence Fides

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