24.10 - Les écueils du dialogue judéo-protestant.
Le dialogue du protestantisme français
avec le judaïsme est empreint d'amitié, mais le prosélytisme
de certains groupes évangéliques qui cherchent à
convertir les juifs "invite à tout réfléchir
ensemble" selon le pasteur Massini de la commission protestante
"chrétiens et juifs."
Le grand rabbin René-Samuel Sirat n'oublie rien et parle avec
émotion du dévoir élémentaire des juifs
pour l'action du protestantisme français pendant la Seconde Guerre
mondiale. Mais actuellement il met en garde contre ce qu'il appelle
"le crime d'indifférence", c'est-à-dire la facilté
de croire "qu'on n'a plus grand chose à se dire". Le
dialogue deviendrait vide de sens.
Le risque du prosélytisme est réel. Il est comme une captation
d'héritage selon les termes du pasteur Massini. Et ce prosélytisme
peut devenir même un antisémitisme larvé.
Il y a enfin le risque du syncrétisme. On ne voit plus qu'une
image chrétienne du juif et non pas le juif tel qu'il est. On
voit sans cesse Jésus dans l'Ancien Testament au point de ne
plus reconnaître les différences fondamentales. "On
ne peut pas être juif et protestant", déclare le grand
rabbin Sirat.
Les Eglises protestantes de la "Concorde de Leuenberg" ont
invité à "tout remettre à plat, à réfléchir
ensemble" pour un dialogue de fond judéo-chrétien.
Ce texte du mois de septembre n'existe actuellement qu'en allemand,
mais il est en cours de traduction française à paraître
en février 2002 dans la revue "Foi et Vie". Sa diffusion
devrait permettre une véritable démarche de clarification.
Ce dialogue devrait passer désormais à une étape
supérieure. Non plus seulement celle d'une amitié romantique,
mais aussi , selon Etienne Trocmé, la remise en cause des questions
théologiques, comme ce fut le cas dans le dialogue luthéro-catholique
pour la Déclaration sur la justification par la foi. Une certaine
inculture fait le lit de l'antisémitisme.
"Il faut trouver des moyens de dialoguer sans porter atteinte à
la foi de l'autre," nuance le rabbin Philippe Haddad de Nîmes,
qui souhaite une démarche plus éthique que théologique.
On dialogue pour savoir qui on est et, pour cela, il faut comprendre
l'autre au bout de notre propre histoire.
Pour plus d'informations : Fédération
Protestante de France
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