Infocatho



30.11 - Roumanie : Le mythe de Dracula.

Des travaux ont été inaugurés le 5 novembre par le ministre du Tourisme, Dan Agathon, pour créer le Parc Dracula qui devrait attirer un million de visiteurs par an à Sighisoara, ville médiévale qui figure sur la liste du patrimoine culturel mondial de l'UNESCO. Ce projet a été adopté par le 19 novembre par un vote du Sénat,

Les responsables d'Eglise orthodoxes n'ont ni été consultés ni informés à propos du projet, qui avait été officiellement rejeté par l'archidiocèse orthodoxe d'Alba Iulia. "Le mythe de Dracula n'a rien à voir avec le peuple roumain ni avec son histoire", déplore Costel Stoica, porte-parole du Patriarcat de l'Eglise orthodoxe de Roumanie à Bucarest. "Né de l'imagination d'un auteur irlandais, il donne une fausse image du pays".

Pour lui, le parc est l'une des "idées bizarres" de Dan Agathon, membre du Parti social démocrate, qui manifeste depuis sa prise de fonctions "une certaine hostilité" envers l'Eglise orthodoxe. "Sachant ce que le mythe de Dracula signifie dans les pays occidentaux, il essaie aujourd'hui d'en tirer profit."

Le projet du gouvernement a été aussi condamné par l'Eglise luthérienne minoritaire de Roumanie, pour qui le parc enfreint les règles de protection de l'environnement et alimente l'intérêt des gens pour le surnaturel. "Nous vous exhortons à trouver un autre usage pour les ressources naturelles, historiques et rurales de la région", demande le consistoire de l'Eglise dans un communiqué publié au début novembre. "Les valeurs chrétiennes et humaines, universellement reconnues, sont mises en péril par cette tentative qui vise à promouvoir des loisirs et des jeux fondés sur la cruauté, l'horreur, l'occultisme, et le vampirisme".

Le vicaire général de l'Eglise grecque-catholique roumaine, Christian Sabau, a aussi reproché au gouvernement de "tirer profit d'un mythe pernicieux et mensonger", et souligné que l'héritage de Vlad Tepes a été "grossièrement déformé" par la légende de Dracula. Un personnage inspiré d'un gouverneur connu pour sa cruauté.

L'auteur irlandais Bram Stoker, qui a inventé le personnage de Dracula en 1897, se serait inspiré de Vlad Tepes, dit "Vlad l'empaleur", gouverneur au 15e siècle de la province de la Valachie et connu pour sa cruauté envers les prisonniers turcs, les nobles indisciplinés et les prêtres orthodoxes. Le prince, dont le nom populaire, Dracula, provient de "l'Ordre du Dragon" (Dracul) établi pour défendre la chrétienté contre les Turcs, a fortifié la future capitale roumaine, Bucarest, avant d'être assassiné.

Indépendamment du roman, l'Eglise orthodoxe roumaine n'a pas de "point de vue officiel" concernant Tepes, a souligné le père Stoica. Le personnage, en dépit de sa cruauté, a une "image positive" dans l'histoire roumaine, où il est perçu comme un symbole de "justice, fidélité et patriotisme". Il a en effet résisté aux forces étrangères et unifié la Valachie.

Pour plus d'informations : Agence ENI

Retour