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17.12.01 - Russie : Les courants internes de l'Eglise.

Un document officiel, mais confidentiel, sur la situation intérieure du Patriarcat de Moscou vient d'être publiée par la revue "Plamia", éditée par le centre Saint Georges, des jésuites de Meudon.

Cette analyse est assez large et éclairante pour mériter l'attention car elle permet de prendre la mesure des problèmes devant lesquels se trouve le Patriarcat de Moscou. Elle est une sorte d'instantané sur l'état sociologique de l'Eglise dans la Russie actuelle, hier celle de Boris Eltsine et aujourd'hui celle de Poutine.

Elle permet d'être plus nuancé dans les affirmations que l'on porte à l'égard de l'attitude des responsables de l'Eglise russe. Ce texte qui était "à usage interne" a été rendu public par le journal "L'Observateur orthodoxe".

..." Pratiquement tous les leaders politiques s'efforcent de nouer de bonnes relations avec le patriarcat de Moscou. Dans le même temps, la situation critique dans laquelle se trouve le pays, semande, pour être maîtrisée, des efforts extraordinaires. Et sur ce point le simple loyalisme est absolument insuffisant pour que l'Eglise mobilise toute son autorité, tout son potentiel moral et politique pour travailler avec l'Etat à dominer les séquelles de la crise présente."

..." Pour réussir dans la mise en place de relations constructives entre l'Eglise et l'Etat, il est indispensable d'avoir une saisie claire de la conjoncture, jointe à la possibilité d'obtenir une information à jour et fiable. C'est précisément là qu'achoppent tous les politiciens qui veulent accroître leur influence dans les milieux ecclésiastiques."

..." Il semble indispensable de caractériser brièvement les acteurs de base dans ce domaine. Ainsi le patriarche Alexis II est sans cintaste un des politiciens les plus anciens et les plus expérimentés. Il est circonspect, patient, enclin aux solutions de compromis. Mais en même temps, au cours des dix ans de son gouvernement, il n'a pas évité les erreurs."

... Tout l'épiscopat du Patriarcat peut être divisé en trois groupes principaux. Celui qu'on appelle les "nikodimiens", personnalités ecclésiastiques libérales et pro-occidentales, ordonnés par le métropolite Nikodim. En particulier le métropolité Cyrille...Sur le terrain de la politique ecclésiastique interne, les "nikodimiens" restent partisans, pour le développement de l'Eglise d'un modèle libéral, pro-occidental et pro-catholique. Ils constituent le quart de l'épiscopat actuel et avec les années ce groupe diminue inexorablement."

..." Le second groupe et le plus nombreux est formé de fonctionnaires ecclésiastiques qui suivenbt docilement tous les changements du cours officiel de la politique ecclésiastique. Le troisième groupe rassemble des évêques conservateurs. Il ne compte pas actuellement tellement d'évêque, mais leur petit nombre est compensé par le soutien actif de la base. Dans le contexte du développement global de la Russie ces dernières années, ils exercent sur la situation interne de l'Eglise une influence de plus en plus grande."

..." Le monachisme est la force ecclésiastique la plus conservatrice et la plus marquée de traditionalisme. Il exerce une forte influence sur la conscience des fidèles. Aucun changement sérieux n'est possible contre la volonté des moines, aujourd'hui, dans l'Eglise."

Ce document analyse également l'ensemble du clergé des paroisses. Celui qui dans les grandes villes jouit d'une telle richesse sur le fond des difficuotés matérielles des fidèles, que le Patriarche les a sermonnés vertement en décembre 1998. Egalement le clergé ordonné depuis la "perestroika", prêtres fondamentalistes dont l'influence devient de plus en plus sensible auprès des laïcs.