24.12 - Kenya : Noël à Nairobi.
Le "business" lié aux festivités de Noël en Afrique est
surréel. Nairobi à titre d'exemple, est en plein été et la chaleur se
sent. C'est exactement le contraire de ce qui se passe dans la froide
Europe. Et ce qui est vécu là se retrouve dans bien d'autres
capitales africaines.
La capitale kenyane est tapissée de grands panneaux publicitaires présentant
des personnages souriants, en habit de fêtes, avec des chopes de bière
en main et des étoiles filantes. Le traditionnel sticker 'Merry Christmas'
se rencontre partout : sur les portes des personnes aisées, dans les
vitrines des magasins et sur les pare-brises des voitures. Les supermarchés
grouillent de gens (des entrepreneurs blancs et noirs de la bourgeoisie
locale) qui font de longues files pour acheter des cadeaux en tout genre
à mettre au pied de l'arbre du 25 décembre.
Les dits 'Christmas Carols', vestiges du passé colonial britannique
sont transmis surtout durant les espaces publicitaires par la radio
et la télévision. Et, bien que tous partagent, en principe, la traditionnelle
fête chrétienne, le paradoxe est évident : les riches font des emplettes
dans les supermarchés alors que les pauvres ont du mal à joindre
les deux bouts.
"Le nombre de vols dans les quartiers résidentiels augmente à l'approche
de Noël" explique Peter Okello, un agent de district. La vérité est
que Noël pour les chrétiens, en général, représente un message qui dépasse
les faciles stéréotypes occidentaux faits de "panettones"
et de Pères Noël. A dire vrai, dans le voisinage de la résidence du
président Daniel Arap Moi, il y a toujours quelqu'un qui endosse le
traditionnel habit de 'Father Christmas' le Père Noël, près
d'une boutique artisanale locale.
Mais, pour la plupart des plus de 3 millions de kenyans qui vivent à
Nairobi, le 25 décembre aura avant tout et surtout un goût spirituel.
Catholiques, anglicans, méthodistes, luthériens et tant d'autres …iront
à l'église pour prier. Les raisons pour le faire sont nombreuses. Au
fond, l'ambiance est tendue et il suffit de peu pour le comprendre :
le coût de la vie, qui est en croissance exponentielle, pénalise les
pauvres des immenses bidonvilles comme ceux de Kibera et de Korogocho.
Des élections générales sont prévues pour l'année prochaine. Et comme
d'habitude ont craint que quelqu'un, dans les coulisses, n'en conditionne
l'issue.
Et puis, il est inutile de cacher les réalités voisines
et toutes proches que sont les menaçants vents de guerre qui soufflent
des pays voisins. Pour beaucoup, il sont sources d'inquiétude. Le Burundi,
l'ex-Zaire actuellement une République Démocratique du
Congo déchirée, le Sud du Soudan, continuent à être ensanglantés
par la violence. A l'endémique pauvreté, s'ajoute la menace de bombardements
américains sur la Somalie. "Le scénario est celui d'une Afrique qui
souffre" commente le P. Frank Kariuki, "une Afrique qui invoque justice
et vérité".
Pour plus d'informations : Agence
Misna
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