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du 4 au 7 janvier 2010 (semaine 01)
 

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2010-01-07 - Sénégal
INVITÉS À PLUS DE SÉRÉNITÉ ET PLUS DE VIGILANCE

Le président sénégalais Abdoulaye Wade a nommé un ministre chargé des Affaires religieuse, ce qui constitue une première dans le pays, mais intervient dans le contexte des relations tendues entre l´Eglise et le chef de l´Etat.

Mamadou Bamba Ndiaye, journaliste et membre du parti au pouvoir, a été nommé ministre conseiller chargé des Affaires religieuses et porte-parole du président de la République, a déclaré à l´agence AFP une source au ministère. "Nous avons connu ces derniers temps des malentendus. Il est tout à fait normal de résoudre le problème en mettant en place un dispositif, en faisant accompagner le président de la République, a expliqué le ministre de la Communication, Moustapha Guirassy.

Ces dernières semaines, en tentant de justifier son projet d'une statue à la gloire de l'Afrique, le président Wade vaita lancé des paroles jugées blessantes par les catholiques du pays. "Dans les églises, on prie un homme, Jésus Christ qui n´est pas Dieu. (...). Quand je passe devant les églises, je ne m´intéresse pas à ce qui se passe à l´intérieur. Ce n´est pas mon problème. Parce que je suis musulman. C´est ça la tolérance", avait notamment lancé le président sénégalais devant des imams. Quelques semaines auparavant, il aurait traité les chrétiens "d´ingrats" selon la presse.

Ces différents incidents ont mis en colère les catholiques, et poussant le cardinal Théodore-Adrien Sarr à taper du poing sur la table contre le président Abdoulaye Wade, fait inhabituel dans ce pays où les relations sont plutôt harmonieuses.

Des députés de l'opposition et des Organisations non gouvernementales (ONG) du Sénégal ont invité les hommes politiques du pays à davantage de "sérénité et de vigilance". Ils ont dénoncé "l´instrumentalisation politique" de la religion et ne veulent plus voir dans le pays, le genre d´incidents qui ont eu lieu entre le 5 et 28 décembre 2009, entre le président Abdoulaye Wade et l´Eglise catholique.

Selon eux, les déclarations et actes du président de la République ne sauraient détourner les Sénégalais de l´essentiel qui doit notamment consister à "renforcer la mobilisation des acteurs patriotes et démocratiques". De même, ils estiment qu´il faut "faire face, par tous les moyens appropriés, à toutes velléités de caporalisation et déstabilisation de nos institutions républicaines et religieuses pour s´éterniser au pouvoir".

Pour leur part, la section sénégalaise d´Amnesty International (AI), l´Organisation nationale des droits de l´homme (ONDH) et la Rencontre africaine pour la défense des droits de l´homme (RADDHO) se sont déclarées "très préoccupées par le débat passionnel et parfois violent" qui s´est installé dans le pays, avec comme toile de fond "l´instrumentalisation politique de la religion". Elles ont, en outre, considéré "que la construction du vouloir vivre- ensemble sénégalais est encore fragile" et que la nation sénégalaise, composée de musulmans, de chrétiens, de juifs et de non croyants, dépasse les clivages confessionnels, linguistiques et ethniques.

En conclusion, elles ont invité les plus hautes autorités du Sénégal, à adopter «une posture plus distante et plus équilibrée vis-à-vis des confréries des confessions, et fondamentalement au respect de la laïcité de l´Etat. (source : Apic)


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