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du 15 au 19 janvier 2010 (semaine 03)
 

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2010-01-19 - Vietnam
L
A PRESSE OFFICIELLE DONNE SA VERSION DES FAITS

« Il n’y a pas eu de persécution de fidèles à Dông Chiêm." Sous ce titre et dix jours après la destruction de la croix de Dông Chiem, la presse d’Etat, jusque-là discrète, a opposé, le 16 janvier, un démenti sans nuance.

Elle dément ainsi la version des faits présentée par un certain nombre de médias internationaux indépendants, dont certains sont cités tels AsiaNews, Radio Vatican, Radio Maria. En réalité, les dépêches diffusées depuis l’Occident s’étaient simplement contentées de rapporter, en les traduisant, les récits émanant directement des premiers témoins et mis en ligne par l’archevêché de Hanoi. Dès la matinée du 6 janvier, la nouvelle des événements de Dông Chiêm était déjà diffusée dans des dépêches en langue française.
 
Dans la presse officielle, il est reproché à ces diverses sources d’avoir émis des nouvelles et proposé des commentaires à caractère calomniateur et provocateur. Pour la presse offficielle, l’opération de police du 6 janvier visait à « démonter » un « ouvrage » installé illégalement, par le prêtre et les fidèles de Dông Chiêm, sur le mont attenant à la paroisse.

Ces articles avaient été précédés, dans la matinée, par un article publié par Ha Nôi Moi, le journal de la capitale. Il était intitulé : « Ce sont eux-mêmes qui ont commis la profanation ! ». La cible directe en est visiblement l’archevêché de Hanoi. Dans un premier communiqué, paru dès le lendemain des événements, le Bureau de l’archevêché de Hanoi avait, en effet, accusé les forces policières d’avoir commis une profanation, d’avoir offensé Dieu et l’Eglise.

Selon le Ha Nôi Moi, ce communiqué, en les accusant d’avoir « abattu » et « brisé » la croix, a calomnié les forces policières. Par ailleurs, l’archevêché aurait mobilisé les prêtres du diocèse et les aurait envoyés à Dông Chiêm pour y célébrer une cérémonie de « communion ». C’est à l’instigation des prêtres, ajoute l’article, que les fidèles se sont procurés des bandeaux de deuil, qu’ils ont diffusé des vidéos et des photos, répandu des écrits et répondu à des interviews sur des sites réactionnaires, affirmant que les autorités « avaient tué le Seigneur » et qu’ils en portaient le deuil. Tout cela dans le but de politiser cette affaire.

L’article se livre ensuite à une acrobatique explication théologique, soulignant que le Christ est mort entre deux larrons et que seule la croix du Christ est sacrée et non pas les deux autres. Cette croix, autrefois signe de l’infamie, est devenue un symbole de l’amour, infiniment respectable par tous. Or, « ce symbole sacré » a été « utilisé » comme un instrument de provocation du pouvoir par un certain nombre de responsables catholiques. Sont cités les « dignitaires » (‘Chuc sac’) de l’archevêché, le prêtre de la paroisse de Thai Ha et le curé de Dông Chiêm. L’article rappelle que dans les précédentes affaires de la Délégation apostolique et de la paroisse de Thai Ha, des objets sacrés ont été ainsi utilisés. L’archevêque de Hanoi est à nouveau cité.

La croix, pour être un symbole religieux sacré, argumente le journal, doit être à la place qui lui convient. Elle n’y était pas. En résumé, les vrais profanateurs ne sont donc pas les autorités, mais les quelques ecclésiastiques qui sont à l’origine de toute cette affaire. Il ne s’agit là que d’une minorité et Ha Nôi Moi se dit persuadé qu’une grande partie du clergé et des millions de catholiques réprouvent les agissements de la minorité désignée du doigt dans cet article.
 
Jusqu’à présent, la presse officielle comme les pouvoirs publics ne s’étaient que peu exprimés sur les événements du 6 janvier dernier à Dông Chiêm. Un premier article du Ha Nôi Moi paru au lendemain de l’affaire avait insisté sur le caractère illégal de la présence de la croix sur le mont Tho. Le journal de la Sécurité propre à Hanoi, le An Ninh Thu Dô (‘Sécurité de la capitale’), avait seulement écrit quelques lignes à ce sujet.

Jusqu’à ce dernier élément, les autorités centrales ne s’étaient pas vraiment prononcées. Le 13 janvier dernier, un fonctionnaire du Bureau des Affaires religieuses chargé du christianisme, interrogé par Radio Free Asia, s’était contenté de répondre évasivement qu’il n’avait pas encore reçu de rapport des autorités de Hanoi sur l’affaire et que le Bureau des Affaires religieuses ne pouvait encore dévoiler à la presse l’attitude qu’il allait adopter. (source : EDA)

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