Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 20 au 23 janvier 2010 (semaine 03)
 

-
2010-01-23 - Pakistan
NE MÊLONS PAS LA RELIGION A LA POLITIQUE


Non à l’utilisation et à l’abus de la religion en politique, qui est cause de tant de maux du passé, et qui engendre des équivoques et des discriminations envers les minorités religieuses, demande de l’Eglise au gouvernement d’Islamabad.

Le président de la Conférence épiscopale, Mgr Lawrence Saldanha, a signé un document envoyé à l’exécutif pakistanais, dans lequel le gouvernement est invité à accomplir “des pas en avant vers la réforme de la Constitution et du système juridique”, en affrontant aussi la question délicate de la présence de la religion dans la sphère politique.

Le document a été rédigé par la Commission « Justice et Paix », de la Conférence épiscopale, qui depuis des années mène une campagne contre l’utilisation politique de la religion, avec par exemple des mesures comme la dite « loi sur le blasphème », ou la loi électorale, qui répartit les électeurs en fonction de leur appartenance religieuse.

Mgr Saldanha affirme que « l’extrémisme croissant dans le pays est l’un des points clés de l’abus de la religion en politique. La religion, en effet, représente le principal prétexte entre les mains des ‘partis religieux’, qui ont joué un rôle fondamental en conduisant le pays à ce seuil ».

L’Eglise fait référence à ce qui est arrivé récemment dans le proche Bangladesh (ancien Pakistan oriental, avant l’indépendance), où un verdict de la Haute Cour a établi que sur la scène politique ne sont plus admis les partis qui font explicitement référence à la religion. La sentence, qui contraindra les partis à retirer la religion de leur dénomination, a provoqué des contestations des mouvements islamistes.

" Le Pakistan devrait prendre exemple sur le Bangladesh et tirer la leçon", souligne le document de l’Eglise. "Les affaires de l’Etat et la politique doivent être traités de façon indépendante, et non sous la bannière d’un quelconque credo religieux", en l'occurence l'islam.

En effet, note le texte, “un système politique conditionné par la religion discrimine les minorités et leurs droits”, tandis que la Constitution ne peut être un document « gardien d’une foi », comme c’est le cas dans la Charte fondamentale pakistanaise.

La Constitution, qui déjà à l’article 2 proclame l’Islam « religion d’état », a été modifiée en 1985 par « des forces non démocratiques » avec l’ajout de la dite « Objective Resolution », une annexe qui a créé un fort déséquilibre en faveur de la religion islamique dans le texte de la Charte.

Dans cette campagne convaincue sur l’indépendance entre politique et religion, l’Eglise catholique cherche le consensus des autres communautés religieuses en minorité, et de la société civile, même dans ses secteurs musulmans. Le but est de relancer publiquement ces argumentations, demandant au gouvernement une réforme constitutionnelle et l’abolition de toutes ces lois qui créent dans la citoyenneté pakistanaise une discrimination sur une base religieuse. (source : Fides)


Retour aux dépêches