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du 01 au 03 février 2010 (semaine 05)
 

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2010-02-03 - Vietnam
LES EMPIÉTEMENTS D'UNE URBANISATION SANS ÂME


Le combat des catholiques du petit village de Côn Dâu pour éviter leur expulsion suscite une certaine émotion à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise du Vietnam. A Da Nang, les responsables du diocèse leur ont manifesté leur solidarité.

Par ailleurs, comme vient de le mettre en valeur le curé doyen de Hoi An, pour beaucoup, cette lutte apparaît symbolique de la résistance de ceux qui ne se résignent pas à voir le développement urbain incontrôlé et sans souci éthique fouler aux pieds une certaine tradition culturelle vietnamienne, un mode de vie lié à la paysannerie.

Dans la journée du 31 janvier, l’évêque du diocèse de Da Nang, Mgr Joseph Châu Ngoc Chi, accompagné de quelques-uns de ses prêtres, est venu exprimer sa solidarité et son soutien à la paroisse de Côn Dâu, dont les fidèles sont menacés d’expulsion pour laisser la place à une zone de développement de la ville de Da Nang. Il a présidé la célébration eucharistique dominicale.

Le président du Conseil paroissial, auteur de la lettre ayant alerté sur les menaces d’expulsion qui pèsent sur la communauté paroissiale, avait profité de la venue de l’évêque pour revenir discrètement dans le village. Il s’en était éloigné depuis près d’une semaine, depuis que la police a investi le village pour forcer les habitants à signer les documents d’expertise des maisons et des biens, préalable à la confiscation définitive. Deux jours auparavant, alors qu’un groupe de cadres s’était introduit dans sa maison en son absence pour y procéder à une expertise, une altercation avait eu lieu entre eux et son épouse (2).

A son entrée dans l’église, l’évêque a été accueilli par des applaudissements des fidèles venus nombreux. Il leur a conseillé de garder le courage, la confiance en Dieu et la maîtrise de soi dans leur combat pour la défense de leurs intérêts légitimes. Un combat qui n’a rien d’illégal, a-t-il précisé.

Par ailleurs, le P. Antoine Nguyên Truong Thang, responsable du doyenné de Hôi An, duquel dépend la paroisse de Côn Dâu, a lancé un appel pour la sauvegarde de cette petite paroisse, menacée aujourd’hui d’être absorbée corps et biens par le développement de la ville de Da Nang. Grâce à elle, souligne le curé doyen de Hoi An, survit encore un admirable échantillon de la campagne traditionnelle du Vietnam.

L’ironie, remarque-t-il, c’est que ce morceau de nature où le génie culturel vietnamien s’est inscrit sous forme de maisons paysannes, de rizières et le jardin va être remplacé par une zone qui s’intitule pompeusement « écologique » (sinh thai). Sans toit et sans ressources, les anciens paysans, nouveaux prolétaires, seront relogés dans des immeubles-cages-à-lapins qui surgissent nombreux dans la périphérie de la ville.

Le texte du P. Thang ne concerne pas seulement le village en question mais l’ensemble de la région entourant la ville. Les admirables sites naturels, les richesses culturelles sont mutilées au profit d’intérêts et de capitaux étrangers et vietnamiens.

Les habitants de cette petite paroisse veulent vivre à l’ombre de leur église, cultiver leurs rizières et perpétuer la tradition culturelle et religieuse transmise par leurs ancêtres. Ils ne déparent pas le paysage, bien au contraire. (source : EDA)


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