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du 25 au 28 février 2010 (semaine 08)
 

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2010-02-28 - Amérique latine
LA LENTE ÉROSION NUMÉRIQUE DE L'ÉGLISE

Aux yeux des missionnaires au service des Églises d’Amérique latine et des Caraïbes le document d’Aparecida et la Grande Mission continentale, lancée dans la foulée, doivent donner une impulsion missionnaire à toute l’Église.

Réunis à Bogota (Colombie) du 4 au 11 février, les délégués des missionnaires français au service des Églises d’Amérique latine et des Caraïbes ont dressé un état des lieux politique, économique et social des pays dans lesquels ils vivent : tous ont hélas en commun la violence, la drogue, la corruption, l’injustice, et un fossé qui se creuse entre les riches et les pauvres.

Mais force est de constater qu'ils ont eu pour le moment encore trop peu de « résonance » dans leurs pays, comme le note le P. Philippe Kloeckner, secrétaire national du Comité épiscopal France-Amérique latine.

En mai 2007, la cinquième conférence du Conseil de l’épiscopat latino-américain se réunissait au sanctuaire marial d’Aparecida au Brésil. Le document final, publié à l’issue de la rencontre, faisait une analyse sans concession des réalités auxquelles est désormais confrontée l’Église dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes.

Il réaffirmait aussi « l’option préférentielle pour les pauvres », l’un des traits de l’Église latino-américaine depuis les précédentes conférences à Medellin (Colombie) en 1968, puis à Puebla (Mexique) en 1979. Et invitait les chrétiens à « contempler » dans les visages souffrants des pauvres « les visages souffrants du Christ » : personnes vivant dans les rues des grandes villes, migrants, malades, victimes d’addictions, détenus…

Alors que le catholicisme latino-américain a longtemps servi de modèle – par son importance numérique (40 % des catholiques dans le monde), son inventivité théologique, son soutien non-violent aux paysans sans terre et aux populations indigènes –, les missionnaires ne peuvent aujourd’hui que constater l’érosion numérique de l’Église catholique, au profit d’Églises évangéliques et pentecôtistes, ou d’une indifférence religieuse liée à la sécularisation.

Certes, témoignent-ils, des évêques, des prêtres, des religieux, des religieuses, des laïcs continuent de s’engager dans les luttes écologiques, contre la corruption, ou aux côtés des populations indiennes, des femmes, des migrants et de tous les laissés-pour-compte des économies néolibérales et de la mondialisation.

Mais l’Église plus institutionnelle a évolué: représentée par des mouvements comme l’Opus Dei, Sodalitium ou les Légionnaires du Christ, elle est incarnée par des évêques d’une autre sensibilité ecclésiale, moins enclins à s’engager dans cette théologie de l’option préférentielle pour les pauvres.

Réunis à Bogota en mars 2009, les évêques, secrétaires généraux des 22 conférences épiscopales en avaient d’une certaine manière convenu, reconnaissant que la Mission continentale exigeait, pour passer « d’une pastorale de pure conservation à une pastorale décidément missionnaire », des changements profonds dans la manière de vivre la foi, d’organiser la pastorale, d’administrer l’Église et de servir le monde.

Lors de cette session de 2010, les missionnaires ne peuvent aujourd’hui que constater les lenteurs de cette pastorale missionnaire auprès des plus démunis et l’érosion numérique de l’Église, alors que le catholicisme latino-américain a longtemps servi de modèle. (source : CEFAL)

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