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du 7 au 10 mars 2010 (semaine 10)
 

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2010-03-10 - Allemagne
LES RÉACTIONS DU VATICAN, DU GOUVERNEMENT, DU CARDINAL KASPER


La ministre allemande de l'Education, Annette Schavan, s'est déclarée "en colère" dimanche 7 mars contre les abus sexuels commis dans des établissements scolaires dont la liste ne cesse de s'allonger ces dernières semaines.

" Les abus commis sur les élèves constituent la plus grave rupture de confiance que l'on puisse imaginer. Je suis en colère", a déclaré la ministre dans le quotidien Bild am Sonntag.

" Il ne doit y avoir aucune tolérance en cas de soupçon d'abus sexuels ou de violence envers les enfants et les adolescents dans des écoles ou des internats et la lumière doit être faite", a-t-elle ajouté, réagissant au scandale d'abus sexuels visant plusieurs établissements, et non pas seulement des établissements catholiques.

" Je vais rencontrer le président de la conférence des ministres régionaux de l'Education et les fédérations d'enseignants sur ce qui peut être fait en matière de prévention", a annoncé le dimanche 7 mars la ministre à la télévision publique allemande.

Elle s'est prononcée en faveur de la prolongation des délais de prescription dans les cas d'abus sexuels sur mineurs, l'expérience montrant que les révélations de ces affaires surviennent "de nombreuses années après les faits".

"Je n'aurais pas pu m'imaginer l'ampleur de l'humiliation, de la violence et des abus commis sur des enfants", a-t-elle confié, répétant que cette affaire "n'est pas seulement celle de l'Eglise mais aussi celles d'autres établissements pédagogiques". Le scandale ne concerne pas seulement des institutions de l'Eglise catholique: une école laïque reconnue par l'Etat et associée à l'Unesco a également révélé le samedi 6 mars l'existence d'abus sexuels sur des élèves dans les années 1970 et 1980.

La ministre s'est dite "convaincue que l'Eglise va prendre elle-même le chemin qui aide sa crédibilité", estimant dans l'intérêt de l'Etat et de l'Eglise "de tout faire pour rétablir la confiance".

De façon assez inhabituelle, quelques lignes publiées dans L´Osservatore Romano daté du 7 mars ont officiellement commenté les nouvelles affaires de pédophilie surgies en Allemagne, en particulier dans le choeur de garçons de la cathédrale de Ratisbonne, longtemps dirigé par le frère de Benoît XVI.

" Le Saint-Siège, est-il écrit dans L´Osservatore Romano, soutient le diocèse dans sa responsabilité à analyser résolument et ouvertement ce problème douloureux, dans le sens des directives de la Conférence épiscopale allemande". Cette note précise ensuite que "l´objectif principal (...) de l´Eglise est de rendre justice aux éventuelles victimes".

Le Saint-Siège, en outre, "se félicite de cet engagement de clarté à l´intérieur de l´Eglise et souhaite qu´autant de clarté soit faite à l´intérieur d´autres institutions, publiques et privées, si chacun tient vraiment au bien des enfants".

Le journal du Vatican publie ces lignes après une note de l´évêque de Ratisbonne précisant que les deux cas recensés étaient "déjà connus" et antérieurs à l´époque où Mgr Georg Ratzinger dirigeait ce célèbre choeur.

Le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l´unité des chrétiens, a souhaité que les coupables soient jugés. " Les abus sexuels sur des mineurs par des membres du clergé sont des actes criminels, honteux, et des péchés mortels inadmissibles" pour lesquels il ne peut y avoir "aucune justification, aucune tolérance", a particulièrement affirmé le cardinal allemand dans une interview accordée au quotidien italien La Repubblica, publiée le 6 mars.

" Il faut sérieusement faire le ménage dans notre Eglise", à travers la condamnation des coupables d'actes de pédophilie et l'indemnisation des victimes, a estimé le cardinal Walter Kasper, l'un des proches collaborateurs de Benoît XV.

Selon le cardinal Kasper, " le Pape n'a pas l'intention de rester à regarder" sans agir et il exige "la tolérance zéro à l'égard de ceux qui se rendent coupables de fautes aussi graves". Il voit pour preuve de la détermination du pape les récentes démissions exigées d'évêques irlandais accusés d'avoir "couvert" des abus sur des enfants commis pendant des décennies par des prêtres.

Le Pape "ne va pas s'arrêter là", a assuré le cardinal Kasper en évoquant la lettre pastorale à l'Eglise d'Irlande prévue pour les semaines à venir. Dans l'entretien à La Repubblica, le cardinal a laissé entendre que ce message pourrait être étendu à l'ensemble de l'Eglise.

" J'imagine qu'une problématique aussi scabreuse apparue non seulement en Irlande mais aussi aux Pays-Bas, en Allemagne et aux Etats-Unis, mérite une analyse plus large concernant peut-être l'Eglise universelle, et pas un seul pays", a expliqué le cardinal, tout en ajoutant que c'était "au Saint Père de le décider".

Le président de la conférence épiscopale d'Allemagne, Robert Zollitsch, doit rencontrer le pape le 12 mars au Vatican. (source : Service de presse du Vatican et KNA)


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