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FlashPress - Infocatho
du 7 au 10 mars 2010 (semaine 10)
 

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2010-03-10 -
UNE VOIX CRIE DANS LE DÉSERT

Bien que représentant une petite minorité en Terre sainte, les chrétiens arabes pourraient jouer un important rôle de pont dans le conflit qui a divisé la région pendant trop longtemps, affirme patriarche latin de Jérusalem.

Le patriatriarche Fouad Twal déplore, toutefois, que la communauté internationale tardant à les prendre en considération, le nombre de chrétiens est en baisse. Une partie du problème, fait-il observer, tient à ce que le mur de 8 mètres de hauteur édifié par Israël autour des territoires palestiniens, a rendu la vie quotidienne impossible pour beaucoup.

Si l'on recense environ 50.000 chrétiens vivant dans la Bande de Gaza, à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, ils sont plus de 200.000 en Israël.

" Nous devons garder présent à l'esprit que le patriarcat latin couvre trois Etats : la Jordanie, la Palestine, Israël, et même Chypre. Il n'est donc pas facile de parler d'un Etat, car les situations changent d'un Etat à l'autre. En règle générale, dans le monde, comme chacun sait, il y a un Etat qui compte de nombreux diocèses ; dans notre cas, il y a un diocèse au sein de nombreux Etats.

" Le fait que nous vivons en conflit signifie des frontières entre ces Etats, des conflits qui nous créent des problèmes ; passer les frontières signifie des problèmes, affecter un prêtre d'une paroisse à une autre paroisse n'est pas facile. Il nous faut des permis, délivrés par Israël pour circuler dans ces trois Etats, rattachés au seul patriarcat de Jérusalem."

" Jérusalem est une ville particulière, une belle ville, une ville spectaculaire sur laquelle le Seigneur lui-même a pleuré. Et nous continuons à pleurer. Ce n'est pas facile. Jérusalem réunit tous les croyants - juifs, musulmans, chrétiens - [mais] en même temps, Jérusalem divise tous les croyants, jusqu'à la mort. Tout le monde veut faire de Jérusalem sa capitale, et pour moi, Jérusalem doit être la mère des Eglises, la mère de tous les croyants, et pas d'un seul peuple."

" D'un côté, on ne peut que se réjouir de voir tous ces gens qui viennent visiter les Lieux saints ; et de l'autre, il est douloureux de voir l'Eglise locale, les chrétiens locaux qui ne peuvent même pas s'y rendre. Un prêtre d'une paroisse de Bethléem ne peut pas emmener ses fidèles en pèlerinage dans les Lieux saints. Même situation à Ramallah, et en Jordanie, et dans d'autres paroisses ; il ne leur est pas facile de se déplacer étant donné la multiplicité des contrôles et le mur qui les sépare."

" Le problème se pose quand nous devons envoyer un prêtre d'une paroisse à l'autre en fonction de notre travail pastoral, de nos besoins pastoraux ; il me faut réfléchir avant de savoir s'il sera autorisé à y aller ou pas, et c'est un gros problème. En Jordanie - la plus grosse partie du patriarcat et la source de nos prêtres, séminaristes et religieuses, la question se pose toujours de savoir si nous pouvons les faire venir en Palestine. L'autre question concernant nos jeunes séminaristes qui sont à Beit Jala, près de Bethléem, est de savoir s'ils peuvent partir en vacances voir leurs familles.

" Nous avons besoin d'une vie normale. Nous avons besoin de la liberté de mouvement pour nous déplacer en toute tranquillité, sans problèmes, sans permis. Même si Israël nous les accorde, nous ne leur sommes pas très reconnaissants. Nous serons reconnaissants quand nous aurons obtenu notre paix, quand nous vivrons une vie normale et quand nous pourrons circuler sans problèmes.

" Je suis d'accord pour dire que la situation dramatique doit nous ramener à l'Evangile et nous inciter à le prendre au sérieux. « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive », nous dit le Seigneur dans l'Evangile."

..." Nous devons maintenir et respecter notre identité à la fois arabe et chrétienne ; nous ne pouvons pas oublier cette identité. En tant qu'Arabes, nous avons les mêmes traditions, nous avons la même langue, la même approche que les musulmans. Nous pouvons parler avec eux. Nous nous sentons plus arabes qu'ils ne le sont ; il y avait des Arabes plusieurs siècles avant l'arrivée de l'islam au Moyen-Orient, et nous sommes fiers de dire que nous sommes arabes, et venant du désert. Je le dis volontiers, et je n'ai aucun problème avec cela.

" Dans le même temps, nous sommes chrétiens, et nous avons une culture, une culture chrétienne et une culture occidentale, et nous pouvons et devons être un facteur de modération, un facteur de réconciliation, un facteur ou un pont entre deux peuples en conflit. La question est de savoir si la communauté internationale nous accepte ou nous considère, comme tels. C'est toute la question.

" Nous voulons convaincre tout le monde qu'avec les armes, les murs, et les postes de contrôle, il n'y aura pas de paix et il n'y aura pas de sécurité. La paix et la sécurité seront ou pour tous ou alors peut-être jamais. Aucun peuple, israélien ou palestinien, ne peut jouir de sécurité et de paix d'un seul côté ; soit les deux peuples auront paix et sécurité, soit ils continueront à s'entretuer et nous n'en finirons jamais avec cette violence. Et ce n'est pas ce que nous voulons.

" Nous voulons paix et sécurité pour tous : juifs, musulmans et chrétiens." (source : LPJ)

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