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du 18 au 20 mars 2010 (semaine 11)
 

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2010-03-20 - Inde
UNE DÉLÉGATION AMÉRICAINE EN ORISSA

En visite en Orissa, une délégation de chrétiens américains a constaté le caractère fragile du calme apparent retrouvé. "La paix que nous avons constatée est très superficielle. Un seul petit incident et les violences pourraient de nouveau surgir".

Telle est la conclusion exprimée le 16 mars dernier à New Delhi par John Prabhudoss, citoyen américain d´origine indienne qui a mené une mission d´études durant cinq jours en Orissa, théâtre de sanglantes émeutes antichrétiennes en 2008.

A la tête d´une équipe de cinq personnes déléguées par l´American Coalition, structure réunissant une trentaine d´organisations chrétiennes américaines, John Prabhudoss, s´est rendu dans plusieurs des villages du district du Kandhamal, en Orissa, où quelques 90 chrétiens ont trouvé la mort durant sept semaines d´attaques antichrétiennes menées par des extrémistes hindous à partir du 24 août 2008. Ces violences avaient entraîné la fuite de 50
.000 chrétiens.

Virginia L. Farris, conseillère pour les affaires étrangères de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis, a précisé que le voyage de la délégation avait été rendu nécessaire par les informations contradictoires reçues aux Etats-Unis par diverses associations indiennes quant à la situation actuelle en Orissa. Après cinq jours sur place, les conclusions sont que les conséquences sociales et économiques des persécutions de l´été 2008 sont nettement plus sérieuses que ce qui était jusqu´alors admis.

"Nous souhaitons partager ce que nous avons vu et entendu avec nos partenaires aux Etats-Unis pour parvenir à élaborer une réponse réaliste et adéquate", a-t-elle déclaré, précisant que la délégation avait la ferme intention de demander au gouvernement américain d´étudier de près la situation en Orissa.

Durant les cinq jours passés en Inde, la délégation a rencontré aussi bien des responsables des Eglises chrétiennes et des survivants des attaques que des hommes politiques locaux et des leaders de groupes hindouistes radicaux. En fonction des interlocuteurs, les réponses données à la question du pourquoi de ces attaques ont varié : conversions au christianisme, conflits entre groupes aborigènes, problèmes fonciers, etc.

Valerie Payne a ajouté avoir constaté « beaucoup d´hypocrisie » au sein du système judiciaire, où il est fréquent que des personnes mises en examen fassent pression sur les témoins cités à comparaître. « Le système est inadéquat et cela pose question », a-t-elle conclu.

Les délégués américains ont également été surpris d´entendre des responsables hindous leur affirmer que le travail de l´Eglise catholique dans le domaine de l´éducation était mené dans le but d´amener les aborigènes et les basses castes à se convertir au christianisme.

La visite de la délégation chrétienne américaine s´est déroulée quelques semaines après celle d´une mission dépêchée par l´Union européenne, les 3, 4 et 5 février derniers. Le 6 février, l´archevêque catholique de Cuttack-Bhubaneswar, Mgr Raphael Cheenath, avait dénoncé en termes très clairs la propension des autorités de l´Etat de l´Orissa et du district du Kandhamal à ne pas réaliser les promesses faites par elles en matière d´indemnisation des victimes et de réinstallation des personnes déplacées. L´évêque avait aussi critiqué le maintien en place de responsables de la police, restés passifs au plus fort des attaques antichrétiennes.

Par ailleurs, le 17 mars, le Conseil chrétien pan-indien (AICC), qui défend au plan national les intérêts de la communauté chrétienne, a exprimé de profondes réserves sur un projet de loi actuellement à l´étude, la « Loi sur les violences communautaires (prévention, contrôle et réparation due aux victimes) ». Dans un courrier adressé au Premier ministre Manmohan Singh, l´AICC écrit que le texte envisagé ne prend pas suffisamment en compte les campagnes de haine et « le processus de communautarisation » qui précèdent habituellement les violences intercommunautaires elles-mêmes. Ce sont pourtant là des phénomènes maintes fois étudiés, dont les manifestations tombent souvent sous le coup de la loi mais qui ne sont que rarement poursuivies en justice.

Les responsables de l´AICC
concluent en recommandant au Premier ministre d´amender le texte dans le sens suivant : établir un programme de protection des témoins ; renforcer les pouvoirs des commissions pour les minorités, au plan fédéral comme dans les différents Etats de l´Union ; sanctionner les policiers qui refusent d´enregistrer des plaintes ; écarter définitivement de la fonction publique des agents qui se sont montrés coupables de complicité lors de violences intercommunautaires; garantir les droits des personnes déplacées selon les principes édictés par l´ONU. (source : EDA)

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