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2010-03-24 - Suisse
LA MISE EN SCÈNE DES SUJETS RELIGIEUX

Les médias préfèrent parler des catholiques et des musulmans plutôt que des réformés, confirment des chercheurs de l'EHEC, dans une étude qui dépasse les frontières helvétiques.

D'après ces chercheurs de l’Ecole des Hautes Etudes de sciences appliquées à Winterthour en Suisse, les médias parlent peu des protestants, et les protestants souffrent de leur quasi-absence des médias, et si les autres religions apparaissent plus souvent, ce sont pour des raisons qui les desservent généralement.

Quand ils en parlent des réformés, c'est plutôt de façon positive, relève Carmen Koch dans une étude, où elle a analysé la fréquence et le traitement réservés aux nouvelles abordant le fait religieux. Elle a passé à la loupe en 2008 des quotidiens, des émissions radio et TV de la région zurichoise et lausannoise. Parmi eux, « 20 Minutes », « 24 Heures », « Le Matin » et « Le Temps » en Suisse romande ainsi que la «NZZ», le «Blick», le «Tages-Anzeiger», l’«Echo der Zeit» et le «Tagesschau» (Téléjournal) pour la Suisse alémanique. Sur 2800 articles analysés, seuls 13% d'entre eux parlent des protestants.

Deuxième constat : la plupart des articles sur le fait religieux sont connotés négativement, surtout quand ils parlent de religions non-chrétiennes. Mais le catholicisme n’y échappe pas et plus encore ces derniers temps avec les scandales à répétition des prêtres pédophiles.

Lorsqu’on examine les thèmes auxquels les religions sont associées dans la presse helvétique, le protestantisme s’en sort plutôt bien. Il n’est jamais lié au terrorisme (1,7% pour le catholicisme, 35,7% pour l’islam), mais souvent à l’économie dans 23,8 % des articles (15,8% pour le catholicisme, 11,3% pour l’islam). Il est également le moins souvent impliqué dans des conflits : 31,7 % contre 44,4% pour le catholicisme et 64,3% pour l’islam.

Dans une deuxième étude, publiée par Matthias Böhni, de Reformierte presse Guido Keel et Vinzenz Wyss ont interrogé, en 2008, 35 journalistes à Zurich et à Lausanne. L’étude fait partie d’un projet, intitulé «Stratégies de mises en scène des thèmes religieux», intégré dans le programme de recherche 58 (PNR58) du Fonds national suisse, consacré à la mutation du paysage religieux en Suisse.

D’après les journalistes interrogés, la religion ne recèle pas en elle-même de suffisamment de sujets porteurs pour le secteur des "news". Pour un journaliste d’une chaîne de télévision commerciale : «Le sujet 'fait bailler'». Le rédacteur en chef d’un journal gratuit pense que le sujet n’est pas assez sexy, un autre dit de manière crue : «Lorsque la Conférence des Evêques fait une conférence de presse pour présenter l’année mariale ou l’accompagnement spirituel des jeunes, on se demande vraiment à quoi ils pensent».

Selon un autre journaliste, les sujets religieux font mouche quand ils sont couplés avec des affaires de sexe, de violence ou des questions touchant à l’éducation, l’école ou l’Etat. Les questions purement religieuses ne font pas réagir dans les rédactions. Ces dernières sont soumises aux phénomène de personnalisation et de « peoplelisation »: les religions n'échappent pas à la règle, si elles veulent faire parler d'elles, souligne une des personnes interviewées. L’attention est attirée, à coup sûr, quand les acteurs religieux transgressent les principes de leur propre éthique.

Le fait religieux est un domaine délaissé des médias, qui n'a pas droit au même traitement que la politique, le sport ou la culture. Selon les chercheurs, cette tendance s'explique aussi par l'absence de rubriques spécialisées ou de journalistes spécialisés dans les rédactions.

Sur les 35 journalistes interrogés, seuls quatre d'entre eux ont suivi des études de théologie. Dans la grande majorité des médias, il n'est pas demandé aux journalistes de disposer de compétences en la matière, ni éventuellement de se spécialiser. (source : Protestinfo)


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