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2010-03-24 -
LES DIX ANS D'UNE CHRONOLOGIE INSTRUCTIVE

Face à la crise exceptionnelle qu´a provoquée dans l´Eglise d´Irlande la révélation de nombreux cas de prêtres pédophiles couverts pendant plusieurs décennies par l‘épiscopat, il est bon de rappeler que l'Église n'est pas restée silencieuse.

Longtemps cachées par l´institution et tenues sous silence par les victimes, les affaires de pédophilie ont commencé à secouer l´Eglise au milieu des années 1990. Le Pape Jean Paul II avait alors pris position à l´aube d´une crise sans précédent aux Etats-Unis.

1993: Jean Paul II écrit aux évêques américains à propos de "scandales provoqués par des membres du clergé". Il déplore à nouveau ces abus en 1995, lors d´un voyage aux Etats-Unis, puis en 2001 dans son Exhortation "Ecclesia in Oceania". Entre-temps, le mur du silence est brisé et des cas surgissent en France, au Canada ou encore aux Etats-Unis.

Avril 2001: Publication du Motu proprio "Sacramentorum sanctitatis tutela" - "sauvegarde de la sainteté des sacrements" -, qui confirme la pleine autorité de la Congrégation pour la doctrine de la foi dans le jugement de certaines "fautes graves" commises par les prêtres. Le document est accompagné d´une lettre, "De delictis gravioribus", du cardinal Joseph Ratzinger, alors chef de ce dicastère. Daté du 18 mai, le document présente les 8 "délits" les plus graves concernant les prêtres, classés en 3 catégories: ceux commis contre le sacrement de l´eucharistie, ceux commis contre le sacrement de la pénitence et enfin, ceux commis contre les moeurs.

Février 2002: Le scandale des abus sexuels commis par des prêtres américains sur des mineurs éclate dans le diocèse de Boston. 24 prêtres du diocèse sont accusés de pédophilie, et le cardinal Law, archevêque des lieux, est accusé d´avoir couvert leurs agissements. 10 mois plus tard, Jean Paul II acceptera sa démission.

Avril 2002: Le Pape convoque les cardinaux américains pour élaborer une charte et des normes juridiques "pour la protection des enfants et des jeunes".

Juillet 2002: Aux Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) de Toronto, au Canada, Jean Paul II demande aux jeunes de ne pas se laisser décourager par les scandales de pédophilie dans l´Eglise.

Octobre 2002: Création de la commission mixte du Saint-Siège et de la Conférence des évêques américains pour la révision des "normes" relatives aux cas de prêtres pédophiles aux Etats-Unis, approuvées 2 mois plus tard par Rome.

Avril 2003: Des responsables de la Secrétairerie d´Etat et de la curie romaine se réunissent à huis clos pour évoquer le problème de la pédophilie. Ils assistent à un colloque scientifique et clinique en présence de médecins et de psychiatres de confessions différentes, provenant des Etats-Unis, du Canada et d´Allemagne.

Février 2004: Un rapport commandé par l´Eglise américaine fait état, sur 50 ans, de plus de 4´000 victimes d´abus sexuels de la part de prêtres catholiques aux Etats-Unis.

19 avril 2005: Benoît XVI est élu et succède à Jean-Paul II.

Octobre 2006: En recevant les évêques irlandais, eux aussi touchés par une vague de scandales, Benoît XVI affirme sa volonté de lutter avec fermeté contre ces cas de pédophilie et de "reconstruire la confiance".

Juillet 2007: Le cardinal Roger M. Mahony, archevêque de Los Angeles, aux Etats-Unis, présente des excuses personnelles à "tous ceux qui ont souffert à cause d´abus sexuels de la part de prêtres, religieux et laïcs" de son diocèse.

Septembre 2007: En déplacement en Autriche, Benoît XVI se dit "reconnaissant à l´égard de tous - religieux et prêtres - d´être restés fidèles à l´Eglise" après une dizaine d´années de crise, essentiellement à cause de l´implication de 2 hauts prélats dans des affaires de pédophilie.

15 Avril 2008: A bord de l´avion qui le mène à Washington, aux Etats-Unis, Benoît XVI se dit particulièrement "honteux" face aux abus sexuels commis par des prêtres américains. "Un pédophile ne peut pas être prêtre", affirme le pape avant de souhaiter que l´Eglise puisse "aider les victimes". Au cours de son séjour aux Etats-Unis, à la nonciature de Washington, Benoît XVI rencontre en privé une demi-douzaine de victimes.

Juillet 2008: En Australie, Benoît XVI se dit publiquement "profondément désolé" suite à certains cas de pédophilie à l´intérieur de l´Eglise. Puis, avant de quitter le pays, il célèbre la messe, en privé, en présence de 2 hommes et 2 femmes victimes d´abus sexuels commis par des hommes d´Eglise.

Mars 2009: L´ancien secrétaire particulier de Paul VI (1963-1978), puis, pendant 4 ans, de Jean Paul II (1978-2005), l´évêque Irlandais Mgr John Magee, se voit reprocher son attitude face à des informations signalant des abus sexuels de la part de prêtres de son diocèse de Cloyne.

Juin 2009: En Irlande, publication d´un premier rapport élaboré par la "Child Abuse Commission", la commission sur les abus physiques et sexuels commis contre les enfants confiés à des institutions gérées par l´Eglise catholique. Suite à ce rapport, des évêques de plusieurs pays anglo-saxons se réunissent à huis clos au Vatican. Le pape les exhorte à "établir la vérité" et à "s´assurer que la justice soit faite pour tous".

26 septembre 2009: Démission de l´évêque d´Antigonish, au Canada, Mgr Raymond John Lahey, accusé de posséder du matériel pédopornographique.

11 décembre 2009: Benoît XVI appelle en consultation au Vatican le cardinal Sean Brady, président de la Conférence épiscopale irlandaise, ainsi que Mgr Diarmuid Martin, archevêque de Dublin. A l´issue de cette première réunion, le Saint-Siège fait part de la "honte" et du "profond regret" de Benoît XVI devant les "crimes atroces" et "scandaleux" perpétrés pendant une trentaine d´années en Irlande.

17 décembre 2009: Démission de Mgr Donal Murray, évêque de Limerick, en Irlande. Celui qui fut évêque auxiliaire de Dublin de 1982 à 1996 est l´un des principaux accusés du rapport de la commission Murphy.

15-16 février 2010: Réunion à huis clos au Vatican de l´ensemble des évêques d´Irlande avec Benoît XVI. Les 24 prélats reconnaissent leurs "erreurs de jugement" et leurs "omissions" dans les affaires d´abus sexuels. Benoît XVI, qui qualifie de nouveau la pédophilie de "crime atroce", souhaite lors de cette réunion que soit rétablie "la crédibilité spirituelle et morale de l´Eglise" dans ce pays. Il annonce qu´il va écrire aux fidèles d´Irlande.

9 mars 2010: Alors que l´Eglise est accusée par certains d´avoir gardé le silence après la lettre envoyée aux évêques du monde entier en 2001 par le cardinal Ratzinger, le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, précise au contraire que la lettre "De delictis gravioribus" avait été "un signal déterminant pour rappeler à l´épiscopat la gravité de ce problème". En outre, reconnaissant "la gravité de la tourmente que traverse l´Eglise" après les révélations d´affaires de pédophilie au cours des semaines précédentes, le Père Federico Lombardi juge que les Eglises concernées ont agi "avec rapidité et détermination". Pour leur part, les évêques du Pays-Bas annoncent l´ouverture prochaine d´une enquête au vu du nombre de cas d´abus signalés dans des anciens instituts catholique s d´enseignement.

12 mars 2010: Mgr Robert Zollitsch, archevêque de Freiburg et président de la Conférence épiscopale allemande, est reçu en audience par Benoît XVI. Le pape lui fait part de son "grand effroi" et de son "émotion profonde" face aux affaires qui mettent en cause des prêtres catholiques.

15 mars 2010: "La tolérance zéro" voulue par Benoît XVI face aux actes pédophiles commis par des prêtres n´est pas une "option" mais une "obligation morale", affirme Mgr Rino Fisichella, président de l´Académie pontificale pour la vie. Il défend Benoît XVI et l´Eglise en soutenant que l´"acharnement" contre le pape dans les affaires d´abus sexuels qui secouent actuellement l´Eglise est "insensé". (source : VIS)

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