Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 21 au 24 mars 2010 (semaine 12)
 

-
2010-03-24 - France
UN RABBIN
POUVAIT-IL Y PRENDRE LA PAROLE ?

Un "petit groupe d´agitateurs" a perturbé la conférence de Carême de Notre-Dame de Paris le dimanche 21 mars alors que le cardinal André Vingt-Trois venait de terminer son mot d´introduction et que le rabbin Krygier s´approchait du micro.

Un homme s´est levé proposant à l´assemblée la récitation d´un chapelet "en réparation pour l´outrage". Ils étaient une bonne cinquantaine appartenant au MJCF, Mouvement de la Jeunesse catholique de France, et à la paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet de Paris. Le groupe a également chanté : "Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat".

Interrompue plusieurs minutes, la retransmission de la conférence à ensuite repris, le rabbin Krygier, aux côtés du cardinal Vingt-Trois, s´exprimant depuis la sacristie de Notre-Dame tandis que les fidèles récitant le chapelet étaient invités à sortir par le service de sécurité de la cathédrale.

Le rabbin Krygier a toutefois été applaudi par la grande majorité des personnes venues assister à sa conférence, avant que le philosophe Dominique Folscheid ne lui succède pour sa conférence.

Les deux conférenciers sont ensuite revenus dans la nef pour un débat avec le public.

A ce propos, l´abbé Régis de Cacqueray, supérieur du district de France de la Fraternité Saint-Pie-X,a publié un communiqué sur le site de la Fraternité sous le titre : "Honneur à ces jeunes catholiques".

"
Félicitons ces jeunes catholiques pour la foi et le courage qu'ils ont montrés en ce dimanche de la Passion. Grâce à eux, c'est le cardinal Vingt-Trois lui-même qui a été contraint de faire oeuvre de justice en reléguant le rabbin à la sacristie.

" Mais est-il donc besoin de démontrer qu'un rabbin ne doit pas prêcher à la cathédrale de Paris ? Quel pape, quel archevêque de Paris ou d'ailleurs de tous les siècles passés peut-on citer pour justifier l'invitation qui a été faite à ce rabbin ?

" Que le Cardinal Vingt-Trois interroge tous les catholiques d'avant la réforme conciliaire; qu'il pose la question à n'importe quel enfant ayant appris son catéchisme; il n'en trouvera aucun pour lui donner raison. Unanimement, ils lui exprimeront leur réprobation indignée pour une telle invitation et ils applaudiront à la profession de foi de ces jeunes gens.

" La cathédrale de Paris n'est ni une synagogue, ni un temple maçonnique. Elle existe pour qu'y soit professée la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ et non pour qu'y soit donnée la parole à ses contempteurs.

" Elle est faite pour qu'y soient médités les mystères du rosaire et non pour que soient indignement rejetés sur le parvis ceux qui les prient."

Le rabbin Krygier a lui-même exprimé sa préoccupation quant à ce qui s´est passé. Mais il a déclaré avoir confiance que le dialogue entre juifs et chrétiens se poursuive. L´incident montre aussi, selon lui, combien il est nécessaire de ne pas se reposer simplement sur les acquis de Vatican II.

Pour Mgr Jérome Beau , évêque auxiliaire de Paris :" L’invitation d’un rabbin pendant les conférences de Carême s’inscrit dans la logique du dialogue judéo-chrétien."

" Depuis la déclaration “Nostra Aetate” de Vatican II, et même avant, au sein des groupes d’amitié judéo-chrétienne, les communautés juive et catholique ont entamé un dialogue. La venue de Jean-Paul II puis de Benoît XVI à la synagogue de Rome en est l’attestation. En pèlerinage à Jérusalem l’an dernier, le pape a mis ses pas dans ceux de son prédécesseur, mais il a aussi rappelé le caractère irrévocable de cette amitié."

..." Depuis leur création en 1835 par Frédéric Ozanam, celles-ci sont un lieu de dialogue entre foi et raison, une occasion d’aider les chrétiens à réfléchir aux enjeux des questions posées par l’évolution de la société. Depuis cinq ans, leur structure même en témoigne."

..." Dans une cathédrale accueillant plus de 1 200 personnes, qu’une quarantaine d’entre elles – appartenant à un groupe qui n’a aucun lien avec l’Église catholique – manifeste est un incident minime. La ligne de l’Évangile ne change pas ! Nous ne reviendrons jamais en arrière sur le chemin tracé par Vatican II, Jean-Paul II et Benoît XVI. Au contraire, les applaudissements nourris qui ont salué l’intervention du rabbin Krygier montrent l’adhésion des catholiques à l’ouverture et à l’amitié."

" Il y a un chemin tracé depuis Vatican II : nous voulons avancer et nous avancerons." (source : CEF et LPL)


Retour aux dépêches