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2010-03-24 - Cambodge
SE RÉCONCILIER PAR DELÀ LES DIVISIONS

Tout en renforçant
l'identité khmère de l'Église du Cambodge, le nouveau vicaire apostolique de Phnom Penh, ordonné le 20 mars, voudrait réconcilier au sein d’une Église divisée entre catholiques d’origine vietnamienne et cambodgienne

Mgr Olivier Schmitthaeusler, le nouveau vicaire apostolique coadjuteur de Phnom Penh, préfère parler de réconciliation." Il faut que les Vietnamiens comprennent qu’ils font partie de l’Église du Cambodge et que les Cambodgiens les accueillent. Ce n’est pas simple, mais il est bénéfique d’être confronté à deux façons de penser", dit-il.

La presque totalité des fidèles est d'origine vietnamienne. Ils ne comprennent pas bien la messe en khmer. En effet en 1990, quand les missionnaires catholiques sont revenus au Cambodge pour reconstruire une Église meurtrie par vingt ans de guerre et d’occupation étrangère. Ils ont essayé de lui donner une spécificité cambodgienne.

Au détriment du vietnamien, ils ont imposé le khmer pour la liturgie, les chants et la proclamation de l’Évangile. " Il fallait favoriser l’émergence d’une communauté cambodgienne", argumente le P. Bruno Cosme, supérieur du grand séminaire à Phnom Penh.

Par ce choix du khmer, l’Église voulait également intégrer ces communautés vietnamiennes repliées sur les berges du Mékong. Mais vingt ans plus tard, elles vivent encore souvent recroquevillées. Les fidèles ne sont pas d'origine khmère. Ils sont vietnamiens.

Faut-il encore renforcer l’identité cambodgienne de l’Église ? "Ce serait la meilleure façon d’attirer les Cambodgiens en leur donnant le sentiment qu’ils appartiennent à notre famille, argumente Bora, un catholique de 28 ans. Dieu se moque peut-être de l’identité de notre Église, mais pas nous."

Bora est attaché aux traditions de son pays. Il aime par exemple assister à la messe, assis au sol sur des nattes comme c’est l’usage local, et non pas sur une chaise comme c’est la tradition au Vietnam ou en Europe.

Il est indispensable que la Parole du Christ soit annoncée dans la langue locale. Elle est naturellement plus écoutée. Chaque année, une centaine de catéchumènes sont baptisés au Cambodge. Sophy, une catholique de 22 ans, souffre de l’image négative de sa religion que certains véhiculent. Ils la considèrent comme une fidèle à des croyances étrangères qui viennent détruire la culture locale.

" J’essaie d’expliquer que ce n’est pas cela mais on ne m’écoute pas", regrette-t-elle. Elle imagine un remède : ordonner plus de prêtres cambodgiens pour dissiper ce cliché. Il n’y en a que trois actuellement et deux Vietnamiens du Cambodge.

Mais l’Église du pays n’a jamais eu une identité cambodgienne forte. Elle a été une importation missionnaire du Vietnam.. Vieille de 450 ans, elle n’a ordonné son premier prêtre cambodgien qu’en 1955. Et la population est bouddhique à 97 %.

L’histoire a laissé des traces. Une animosité profonde sépare les deux peuples. « Je pense que nous n’avons jamais travaillé la question de la réconciliation depuis que je suis au Cambodge, depuis douze ans, poursuit le P. Cosme. Peut-être parce que l’Église était dirigée par des anciens qui ont souffert de ce clivage."

Pour l’instant, cinq séminaristes sont formés à Phnom Penh. Ce chiffre peut sembler modeste par rapport au nombre d’étrangers qui ont des responsabilités dans le vicariat, environ 140. Mais il est à l’image de l’Église du Cambodge, petite mais jeune et dynamique.

Faut-il le regretter ? Sreyneang, une étudiante de 22 ans, apprécie la présence de ces étrangers dans son Église. "Ces prêtres venus d’ailleurs se concentrent sur Jésus et la Bible. Les prêtres cambodgiens, eux, parlent plus de nos vies de chrétiens. C’est bénéfique d’être confronté à ces deux façons de penser." (source : Fides et EDA)


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