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2010-03-27 -
L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DES ÉVÊQUES DE FRANCE


Avenir des communautés, écologie… les chantiers n’ont pas manqué à l'Assemblée des évêques de France qui vient de se tenir à Lourdes dont les travaux ont été présentés dans le communiqué final.

Bien que n’étant pas officiellement au programme, les affaires de pédophilie se sont, sans surprise, invitées lors des travaux de la Conférence des évêques de France, dont l’Assemblée plénière de printemps s’achève aujourd’hui à Lourdes. D'ailleurs les évêques ont fait parvenir une lettre de fraternel soutien au Pape Benoît XVI.

" Confrontés à cette question en l’an 2000, nous avons mené un important travail de prévention", rappelle ainsi Mgr Stanislas Lalanne, évêque de Coutances et Avranches, qui en fut l’un des initiateurs lorsqu’il était secrétaire général de la Conférence des évêques des France. De fait, cet outil mérite sans doute d’être aujourd’hui réinvesti car, reconnaît Mgr Lalanne, « on n’est jamais complètement à l’abri ».

D’autant qu’une part importante de l’épiscopat a été renouvelée en dix ans, moins sensibilisée à cette question que ne le furent leurs aînés. Plus que jamais, les évêques entendent promouvoir une « attitude juste » dans la relation éducative, attentifs à détecter les « signaux d’alerte » chez les enfants et chez les prêtres. Plus fondamentalement, Mgr Lalanne estime que ce débat souligne le besoin d’une réflexion globale sur l’éducation affective des jeunes et l’éducation à la liberté.

Les évêques ont ensuite abordé l’avenir des communautés chrétiennes, au cœur de leurs préoccupations depuis plusieurs mois. En novembre dernier, quatre d’entre eux avaient longuement exposé leurs convictions. Ce travail s’est prolongé par des groupes de travail.

Comme le relève Mgr Hyppolite Simon, archevêque de Clermont et vice-président de la Conférence des évêques de France, il ne s’agit pas d’abord d’ «aboutir à la production d’un texte normatif, mais de favoriser le partage d’expériences ». Charge à chacun, ensuite, de poursuivre la réflexion avec son diocèse. Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun, juge cette question « tellement cruciale qu’il faudra sans doute en poursuivre l’étude ».

Par-delà la diversité des situations, quelques grandes constantes semblent désormais admises par le plus grand nombre. D’abord la nécessaire place à donner aux laïcs pour assurer la pérennité des communautés. Ensuite, l’urgence de « repréciser la mission du prêtre », note Mgr Lucien Fruchaud, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, où le nombre de paroisses a été divisé par sept en quelques années.

Alors qu’il s’apprête à se retirer à 75 ans passés, Mgr Fruchaud dit « ne pas être inquiet » pour la « vie de foi » dans son diocèse : « Avec 110 prêtres en activité, notre clergé est certes peu nombreux mais solide, nous disposons d’une équipe de laïcs formés, d’un enseignement catholique missionnaire… En revanche, je suis plus préoccupé par la vie sacramentelle », avoue-t-il, malgré le « frémissement » constaté chez quelques jeunes du diocèse s’interrogeant sur une possible vocation.

Au fond, la question est la même pour tous : comment permettre à la communauté de continuer à se rassembler, même en l’absence de prêtre ? Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg, rappelle ainsi la possibilité ouverte par Vatican II d’instaurer des « assemblées de la Parole », qui ne seraient « pas concurrentes de la messe, mais viendraient la préparer et la conforter », convaincu qu’il y a là un moyen de «favoriser une proximité de quartier» et de «maintenir les églises ouvertes».

Sans doute sera-t-il nécessaire pour cela d’ «élargir la vision du prêtre», qui ne doit plus être seulement «l’homme d’un lieu», mais aussi « l’itinérant, le visiteur des communautés ». « Des bouleversements, on en a traversé bien d’autres ces quarante dernières années, relativise cependant, fort de son expérience, Mgr Georges Gilson, archevêque émérite de Sens-Auxerre, qui était, à 81 ans, l’un des vétérans de l’assemblée (ouverte aux évêques en retraite).

Quand la société tout entière est en crise, il n’est pas étonnant que l’Église le soit aussi ! Il serait dommage de vivre dans la nostalgie d’une chrétienté révolue. L’Église doit maintenir son cap, sans trembler, celui de l’Évangile, relu à la lumière de Vatican II. »

Les évêques ont aussi commencé à réfléchir plus spécifiquement à la question des rassemblements dominicaux. Car, comme le leur a fait remarquer Robert Rochefort, ancien directeur du Crédoc, invité à Lourdes, « la broyeuse de l’individualisme » a fait son œuvre dans le tissu sociologique français. Pas étonnant, donc, que le rassemblement chrétien soit de moins en moins prisé. « Nous devons apprendre à habiter le dimanche autrement, les gens ont perdu le goût de se retrouver au nom du Christ », résume, lucide, un évêque.

Autre chantier lancé, celui de l’écologie, « très attendu », à en croire Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, son responsable : « L’opinion a le sentiment que l’Église est absente des questions d’environnement. »

Sans doute attend-on de sa part « une parole positive, motivante et davantage explicite », avance-t-il. En clair : comment apporter un éclairage théologique et spirituel qui donne du sens aux changements de comportement auxquels la société nous appelle ? Cette réflexion pourrait aboutir, à terme, à une déclaration officielle des évêques, au lancement de « fêtes de la Création » dans les diocèses ou à des orientations concrètes.

Déclaration du cardinal André Vingt-Trois au terme de l'Assemblée. (source : CEF)


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