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FlashPress - Infocatho
du 1 au 6 avril 2010 (semaine 13)
 

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2010-04-06 -
POURQUOI FAIRE PESER LE DOUTE SUR LA LÉGITIMITÉ DE L'ÉGLISE

Lors de la messe chrismale, à Notre-Dame de Paris, le mercredi 31 mars, le cardinal André Vingt-Trois a souligné que l’heure est venue de comprendre réellement que l’on ne peut pas être chrétien sans l’Église, et moins encore contre elle.

" Au moment où nous entrons dans la célébration du Triduum Pascal, notre Église est mise en accusation à la face des hommes. Elle est chargée des péchés du monde. Au mépris de la réalité des faits, dont nul ne conteste l’horreur et le scandale qu’ils ont pu causé, on s’emploie à faire endosser à notre Église, -et en particulier à ses prêtres- la responsabilité morale des actes de pédophilie qui ont été commis depuis plusieurs dizaines d’années.

" Imputer la pédophilie au statut du prêtre engagé dans le célibat évite opportunément de regarder la réalité de ce fléau social dont chacun peut savoir qu’il frappe principalement les relations familiales et les réseaux de proximité familiale. Ressortir des faits anciens et connus depuis longtemps comme des révélations nouvelles donne à penser sur l’honnêteté intellectuelle des informateurs et suffit à dévoiler leur véritable objectif : faire peser le doute sur la légitimité morale de l’Église.

" Loin de moi l’idée de nier qu’il a existé des actes de pédophilie ni d’oublier la souffrance, souvent irréparable, des victimes. Oui, comme je l’ai dit à l’occasion de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes, nous sommes plongés dans la honte et le désarroi. Nous nous joignons aux regrets exprimés par le Pape dans sa lettre aux catholiques irlandais.

" Mais nous ne sommes pas prêts à laisser jeter l’opprobre sur l’ensemble des 20.000 prêtres et religieux de France. Parmi eux, une trentaine de prêtres et de religieux ont été condamnés et purgent leur peine, conformément à la loi. C’est beaucoup trop, mais ce n’est pas un phénomène massif. L’immense majorité des prêtres et religieux de notre pays vivent avec joie et fidélité leur engagement au service de l’Évangile. Je n’en doute pas. Nous n’en doutons pas et nous avons confiance en leur fidélité.

" L’offensive qui vise à déstabiliser le Pape, et à travers lui l’Église, ne doit cependant pas nous masquer nos faiblesses et nos fautes éventuelles. Notre société qui vit dans l’exhibition du sexe sans limite nous oblige à être plus que jamais vigilants et modestes dans nos manières de vivre.

" Chers Frères et Sœurs, prêtres, diacres, religieux, religieuses et laïcs, nous ne sommes que des êtres humains et nous ne devons jamais vivre dans la présomption que nous sommes au-dessus des tentations ordinaires. Mais cette prudence ne doit pas nous transformer en coupables potentiels dans toutes nos relations.

" Parmi les épreuves que nous traversons, nous devons aussi relever l’offensive médiatique qui célèbre Pâques à sa manière en concentrant sur les soirées de la Semaine Sainte leurs capacités critiques sur l’Église et la foi chrétienne. Celles et ceux d’entre nous qui célébreront les liturgies dans leurs communautés n’en seront pas affectés. Mais tous ceux qui sont les moins informés et les moins impliqués dans la vie de notre Église seront bombardés d’émissions qui se présentent comme « critiques » et qui ne sont que des opérations de propagande, et même de propagande grossière. Dans notre pays démocratique, les chrétiens sont encore des citoyens à part entière, mais certainement pas au vu du traitement qui leur est réservé dans l’information.

" Mais la parole du Seigneur s’accomplit aujourd’hui à nos yeux dans notre Église, comme elle était accomplie dans la synagogue de Nazareth. L’onction du Messie continue son œuvre en notre temps. Elle continue son œuvre dans la vie sacramentelle de notre Église.

" Chaque année des adultes et des jeunes collégiens et lycéens, de plus en plus nombreux, s’approchent du baptême. Presque chacune des paroisses du diocèse accompagne ainsi plusieurs catéchumènes vers les sacrements.

..." De même, les séminaristes se préparent avec confiance à s’engager au service du corps ecclésial par l’onction de l’ordination. Ils seront marqués du même Saint-Chrême pour le service du Peuple de Dieu.

" De même les malades et les personnes souffrantes reçoivent de l’onction de l’huile sainte la force et l’endurance pour vivre leur épreuve dans la communion au Christ et en se joignant à l’offrande qu’il fait de sa vie.

" Pour cette vitalité de la foi nous rendons grâce à Dieu qui continue d’ouvrir « aux païens la porte de la foi. » (Act. 14, 27). Cette grâce des sacrements, nous le savons, ne nous est pas donnée simplement pour notre confort spirituel. Elle nous associe directement à l’œuvre de Dieu dans le Christ. Avec lui, nous sommes envoyés pour annoncer une année de bienfaits et de miséricorde, pour être les témoins de son amour pour les hommes, pour tous les hommes.

..." Pour nous, l’heure est venue de comprendre réellement que l’on ne peut pas être chrétien sans l’Église, et moins encore contre l’Église. L’heure est venue de comprendre que l’on ne peut pas être chrétien sans le choisir et le vouloir de quelque manière et sans assumer ce choix devant le monde. D’une certaine façon, comme Pierre à l’heure du procès de Jésus, nous sommes provoqués à nous déclarer pour lui ou à enfouir notre relation avec lui dans le secret et, finalement, à le renier.

..." Frères et Sœurs, c’est cette mission de l’Église à laquelle nous sommes appelés à participer. Ne laissons pas enfermer la grâce que nous recevons ; partageons-la. N’enfouissons pas les talents confiés ; faisons-les fructifier. Ne laissons pas la pusillanimité ou la honte empoisonner notre vie. Nous sommes les membres d’un corps qui vit de la foi, qui partage sa foi, qui annonce sa foi.

..." Pour terminer, en cette année sacerdotale, vous me permettrez d’adresser un message particulier à nos prêtres si nombreux ce soir. Un message d’amitié d’abord et un message d’encouragement. Je sais, par expérience, qu’il n’est pas facile tous les jours d’être prêtre à Paris. Mais je sais aussi que notre ministère est source de grandes joies. Je pense avec une affection particulière à ceux d’entre nous qui sont atteints par l’âge ou la maladie et à ceux qui ont accepté de partir en mission hors du diocèse.

..." Il me reste à vous dire qu’un certain nombre de jeunes se posent la question de devenir prêtre. Ils sont parfois, trop souvent, empêchés d’étudier même cette éventualité par les réticences de leur entourage, voire de leur famille. Prions donc, non seulement pour que Dieu appelle, mais surtout pour que nous soutenions vraiment ceux qui souhaitent répondre à son appel. Alors nous pouvons espérer que la parole du prophète s’accomplira pour nous aussi : « Tous ceux qui pleurent, je les consolerai. Au lieu de la cendre de pénitence, je mettrai sur leur tête un diadème ; ils étaient en deuil, je les parfumerai avec l’huile de la joie ; ils étaient dans le désespoir, je leur donnerai des habits de fête. » (Is. 61, 3). (source : Catholique.Paris)

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