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du 7 au 10 avril 2010 (semaine 14)
 

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2010-04-10 - Philippines
DES MENACES POUR LES LIBERTÉS CIVIQUES


L’Eglise catholique s’inquiète du maintien en détention dans un camp de l’armée de 43 travailleurs du secteur médical, soupçonnés de soutenir la rébellion communiste et dont l'arrestation s'est effectuée hors de toute procédure judiciaire.


Le 7 avril, la Conférence épiscopale catholique des Philippines a pris position et, par un communiqué officiel, demandé que les droits constitutionnels de 43 travailleurs du secteur médical arrêtés non loin de Manille le 6 février dernier et maintenus depuis en détention sur une base militaire soient respectés.

Dans le communiqué, Mgr Nereo Odchimar, évêque de Tandar et président de la Conférence des évêques catholiques des Philippines, écrit que « l’arrestation hors de toute procédure judiciaire et le maintien en détention des ‘43 de Morong’ sur une base militaire constitue une grave menace pour les libertés civiques du peuple philippin ».

Soupçonnées par les autorités d’appartenir ou de soutenir la rébellion communiste, les personnes détenues sont d’autant plus « vulnérables à des abus supplémentaires » que leur détention se passe à l’abri des regards, dans un camp de l’armée, poursuit l’évêque.

L’arrestation du groupe remonte au 6 février dernier lorsque des forces de police ont investi le local où se tenait, selon des proches des personnes arrêtées, « une mission médicale ». Des médecins, des infirmières et d’autres personnes appartenant à une fondation proche de l’Eglise du Christ unie des Philippines, structure qui rassemble depuis 1901 différentes Eglises évangéliques et méthodistes, se trouvaient réunis à Morong, localité de la province de Rizal, à l’est de la capitale philippine. Selon la police, ces travailleurs du secteur médical assistaient en réalité à une session de formation à la confection de bombes et certains d’entre eux ont avoué appartenir à la rébellion communiste. Depuis, l’affaire occupe la une des médias.

Pour Mgr Odchimar, ces aveux ne peuvent être retenus en l’absence de garantie sur les circonstances dans lesquelles ils ont été recueillis et dans le cadre d’une détention et de pressions physiques et psychologiques. Pour l'évêque, les juges ont « de fait légitimé les violations [des droits de l’homme] que les militaires pourraient commettre sur la personne des travailleurs de santé ».

Une telle décision de justice est la porte ouverte à de futures arrestations et détentions illégales, y compris de personnels travaillant pour l’Eglise, a mis en garde l’évêque catholique. "Désormais, nous ne pouvons que craindre qu’un jour, les efforts que nous déployons pour aider les pauvres et les marginalisés soient perçus comme autant de menaces et que, nous aussi, soyons dénoncés comme faisant partie des rebelles."

Aux Philippines, l’armée et les forces de l’ordre sont régulièrement accusées de violations des droits de l’homme, notamment dans la lutte contre la guérilla communiste. L’Union européenne vient de débuter un programme de coopération pour aider le pays à se débarrasser de ces pratiques. (source : EDA)

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