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du 11 au 14 avril 2010 (semaine 14)
 

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2010-04-14 - Thaïlande
LES RESPONSABLES RELIGIEUX SORTENT DE LEUR SILENCE


Après un week-end de violences sanglantes à Bangkok et face à l'aggravation de la crise politique, les responsables religieux sont sortis du silence dans lequel ils se cantonnaient depuis des mois.

Ils ont appelé au calme et demandé aux parties en présence de s’entendre pour trouver une issue pacifique au conflit.

Depuis un mois, les « chemises rouges » du Front uni pour la démocratie et contre la dictature, coalition disparate réunissant les partisans de l’ancien Premier ministre, ont réinvesti le centre de la capitale thaïlandaise pour exiger des élections législatives anticipées et le retour à l’ordre constitutionnel. Le gouvernement a décrété l’état d’urgence le 7 avril dernier et, durant le week-end, les manifestations, jusqu’ici pacifiques, ont connu une escalade sanglante. Dans la nuit de samedi à dimanche, les heurts avec les forces de l’ordre ont fait 21 morts – dont quatre soldats – et 860 blessés.

Jusqu’ici, les mouvements et organisations des bouddhistes, qui sont très largement majoritaires dans ce pays, avaient pris soin de ne pas intervenir dans le champ politique. Le 12 avril toutefois, le vénérable Paisan Visalo, moine bouddhiste à la tête du « Réseau pour la non-violence », coalition d’ONG proches de milieux bouddhiques et universitaires, a déclaré "être attristé par les morts et les blessés, qu’ils soient soldats ou manifestants".

Du côté de la petite minorité catholique (0,5 % de la population), ses responsables sont eux aussi sortis de la réserve observée jusqu’alors. A la mi-mars, réunis pour leur assemblée biannuelle, les évêques estimaient encore que, si les catholiques avaient le droit de soutenir tel ou tel camp, l’Eglise n’avait pas à prendre position. "En tant qu’Eglise, nous nous devons de promouvoir l’entente commune", déclarait alors le P. Pipat Rungruangkanokkul, secrétaire général adjoint de la Conférence épiscopale. Il ajoutait : "La situation est très sensible. Sauf à envenimer le conflit, l’Eglise n’a pas à prendre part ou à juger qui a raison, qui a tort."

Mgr Bunluen Mansap, ancien responsable de la Commission ‘Justice et Paix’ de la Conférence épiscopale a estimé qu’"en Thaïlande, aujourd’hui, la colère et la haine se répandent dans tout le pays. Ce qui menace ce pays, ce n’est pas la guerre civile, mais la colère et la haine et il semble que beaucoup de gens sont remplis de haine aujourd’hui".

L’évêque a appelé tous les Thaïlandais à accepter les différences d’opinion et de croyance. "Les êtres humains sont faits pour s’aimer les uns les autres mais ils sont divisés par la politique et l’idéologie", a-t-il ajouté, demandant au gouvernement et aux manifestants de mettre fin à la violence et de revenir à la table des négociations.

Les affrontements à Bangkok témoignent de la profondeur du fossé qui sépare les élites traditionnelles, liées à l’aristocratie et à la bourgeoisie d’affaires, aux populations rurales, notamment du nord-est du pays, qui estiment ne profiter que peu du développement économique du pays. Un rapport de la Banque mondiale souligne que la distribution des revenus en Thaïlande est l’une des plus inéquitables d’Asie. (source : EDA)

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