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du 22 au 25 avril 2010 (semaine 16)
 

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2010-04-25 -
DIFFÉRENCES OU DIVERGENCES ENTRE EUX ?


Le Vatican a profité de la publication d'une lettre du cardinal Castrillon Hoyos pour dire que "sa politique" justifiait la volonté du cardinal Ratzinger de rapatrier les dossiers de prêtres pédophiles au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la foi.

Le Vatican
a reconnu officiellement que la lettre du cardinal Castrillon Hoyos, en tant que Préfet de la congrégation pour le clergé, adressée en 2001 à Mgr Pierre Pican, et révélée par le site Golias, était une pièce authentique.

Dans cette lettre, le cardinal félicite Mgr Pierre Pican, évêque de Bayeux-Lisieux de ne pas avoir dénoncé à la justice française (condamné pour cela à trois mois de prison avec sursis), l'abbé René Bissey (condamné pourtant à dix huit dans de prison pour avoir violé de façon répétitive un garçon et agressé dix autres).

Au passage, le cardinal Castrillon Hoyos n'a pas trouvé mieux que d'accuser publiquement Jean-Paul II de l'avoir encouragé à écrire ce courrier. Il avait eu la même attitude quand l'affaire Williamson a explosé, rejetant publiquement la responsabilité sur Benoît XVI et non sur lui qui était pourtant chargé d'instruire ce dossier...

Mais le Vatican a profité de la publication de cette lettre - d'où son importance - pour renforcer la position de Benoît XVI en expliquant que cette politique du silence de la congrégation pour le clergé, justifiait précisément la volonté du cardinal Ratzinger de rapatrier tous les dossiers de prêtres pédophiles au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la foi.

Ce qui a été fait par la lettre de mai 2001, dont beaucoup se sont servis pour accuser le cardinal Ratzinger d'avoir voulu détourner les prêtres pédophiles de la justice civile, mais plus personne de sérieux et de vraiment informé ne soutient aujourd'hui cette thèse.

Cette mise au point du Vatican révèle implicitement qu'un conflit existait bien entre ces deux « ministères » du Vatican. Le propos mériterait plus de nuances mais le débat se posait entre une ligne dure, pour l'exclusion presque à priori des prêtres déviants (la congrégation pour la Doctrine de la foi) et une ligne protectrice, cherchant à « sauver » ces prêtres (la Congrégation pour le clergé). C'est la Congrégation pour la Doctrine qui a eu gain de cause puisque tous ces dossiers délicats ont été centralisés dans ses bureaux.

Pour bien comprendre cette divergence, il ne faut pas la comparer à des bons et des méchants, ce qui serait stupide, mais avec le vocabulaire d'une entreprise, on pourrait parler d'une approche plutôt DRH, « que faire avec ce prêtre, comment le soigner et réhabiliter son sacerdoce ? » Et d'une approche, plutôt service juridique : « s'il est prouvé qu'il a commis une faute très grave, il doit être démis de son sacerdoce ».

Loin de moi , écrit Jean-Marie Guénois dans son blog du Figaro, l'idée qu'une larme, fut-elle papale, effacerait toute cette polémique et surtout la gravité des problèmes en jeu. Mais elle n'est pas feinte. Le cardinal Ratzinger, devenu Benoît XVI, combat en interne ce problème de la pédophilie depuis au moins 1995, contre l'avis dominant de la curie qui était plutôt sur la ligne de la Congrégation pour le Clergé.

Ce n'est pas pour rien que ce cardinal Ratzinger avait écrit lors du chemin de croix de 2005, à la veille de la mort de Jean-Paul II : « Combien de fois n'avons-nous pas, nous aussi, préféré le succès à la vérité, notre réputation à la justice ! ». Ou encore : « Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c'est nous-mêmes qui les salissons ! C'est nous-mêmes qui te trahissons chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes. » (source : Blog J.M. Guénois)

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